jeudi 29 décembre 2016

Sur les hauteurs du mont Crève-Coeur - Thomas H. Cook





Quatrième de couverture:


"Qu'allait faire Kelli sur le mont Crève-Coeur ce jour là? Qu'allait-elle chercher, seule dans la profondeur de ces bois"
Trente ans après le drame, Ben demeure obsèdé par l'image du corps de Kelli tel qu'il a été découvert sur la hauteur de ce mont où, jadis, l'on organisait une course de Noirs avant les enchères du marché aux esclaves.
Dans un de ces flash-back troublants tel que Thomas H. Cook maîtrise à merveille, le lecteur revisite avec Ben, ancien condisciple de la victime devenu médecin de campagne, les événements qui ont bouleversé la petite communauté blanche et conservatrice de Choctaw, Alabama, au mois de mai 1962.
Le meilleur ami de Ben le soupçonne toujours d'en savoir plus qu'il ne l'admet sur l'agression de la jeune beauté venue de Baltimore: Kelli a-t-elle été tuée parce que Todd, le bourreau des coeurs local, avait plaqué sa petite copine pour elle ou parce qu'elle soutenait la cause des Noirs dans le journal du lycée?

Quelques infos:


Edition: Seuil
Parution: Août 2016
Pages: 316

Mon avis:


L'histoire est racontée par un Ben vieillissant qui replonge dans ses souvenirs de cette terrible année 1962. Avec nostalgie et culpabilité, il se rappelle l'adolescent qu'il a été, épris de liberté.... 
Ça ne vous rappelle rien? 
Moi si. J'ai lu en Mars 2016 Au lieu dit Noir-Etang que j'avais adoré. Le style de Thomas H. Cook m'avait tellement emballé que je me suis promis de le suivre. 
Sur les hauteurs du Mont Crève-Coeur n'en est malheureusement qu'une copie. Ou plutôt une ébauche vu qu'il l'a écrit en 1995 alors que Au lieu dit Noir-Etang a été publié en 1997. (les publications en France ne respectent pas cette chronologie)
On y retrouve exactement les mêmes thèmes: l'adolescent solitaire qui se sent à l'étroit dans sa ville et qui découvre le sentiment amoureux, les dommages collatéraux du drame qui a secoué son lycée, les destins à jamais brisés, le temps qui passe, implacable....
Pour qui n'a jamais lu cet auteur, vous avez là un livre de qualité, les personnages sont bien travaillés, l'alternance du présent et du passé s'enchaîne sans lourdeur et le suspense est subtilement ménagé. Jusqu'au bout vous vous demanderez qu'elle est l'implication du narrateur dans l'agression de Kelli. Personnellement je n'ai guère été surprise puisque c'est la même ficelle que dans le livre cité précédemment.
Il y a malgré tout une révélation qui m'a étonné, mais que je n'ai pas crue et pour laquelle j'ai trouvé qu'il manquait des explications. 
Au final, j'ai clairement été déçue par cette lecture. Si Thomas H. Cook nous sert la même recette à chaque fois, je vais effectivement finir par me lasser. Dommage parce que j'aime beaucoup sa qualité d'écriture et la façon dont il met en lumière la psychologie de ses personnages.





Challenge Coupe des 4 maisons: Auror, un livre policier, 30 points





vendredi 23 décembre 2016

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffers et Annie Barrows




Quatrième de couverture:


Janvier 1946. Tandis que Londres se relève douloureusement de la guerre, Juliet, jeune écrivaine, cherche un sujet pour son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu natif de Guernesey, va le lui fournir? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre un monde insoupçonné, délicieusement excentrique; celui d'un club de lecture au nom étrange inventé pour tromper l'occupant allemand: le "Cerlce littéraire des amateurs d'épluchures de patates". De lettre en lettre, Juliet découvre l'histoire d'une petite communauté débordante de charme, d'humour, d'humanité. Et puis vient le jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey...

Quelques infos:


Editeur: NIL
Date de parution: 2009
Pages: 391

Mon avis:


Ce livre m'a été offert, il y a quelques années de cela. J'en avais lu quelques pages, je n'avais pas accroché et j'ai remis sa lecture à plus tard. Et c'est beaucoup plus tard que je l'ai redécouvert, un peu oublié dans un carton. Cette fois-ci, le charme a opéré.

Le style épistolaire n'est pas facile à aborder. Pas le temps de faire connaissance avec les personnages que nous voilà déjà plongé dans leur intimité. Je crois que c'est ce qui m'avait rebuté lors de ma tentative de lecture inachevée. A ma deuxième lecture, je me suis aperçue que les auteurs avaient parfaitement maîtrisé cet exercice de style. Quel talent que de nous raconter une histoire à travers les échanges écrits des personnages, où ils évoquent leur caractère, leur goût, leur passé. Les scènes auxquelles nous ne pouvons pas assister sont retranscrites dans les lettres, tout cela dans une écriture au style délicieusement suranné. De fait l'immersion était totale et je me suis vraiment crue en 1946, à cette époque où le courrier était quasiment le seul lien entre les gens.

En 1946, l'Europe se relève, panse ses blessures, les gens réapprennent à vivre et à croire en l'avenir, cherchent le pardon. Cela doit être un de mes premiers livres sur le sujet, et j'ai apprécié de découvrir l'état d'esprit des personnages dans cet après guerre.

Dans leurs lettres, les habitants de Guernesey évoquent également l'occupation. C'est une partie de l'histoire que j'ignorais et effectivement quelle difficulté de vivre avec l'ennemi sur une si petite surface sans aucun échappatoire. Tout cela est raconté avec pudeur et dignité, sans jamais tomber dans le larmoyant même lorsque l'on apprend le tragique destin d'un des personnages.
J'ai également aimé la façon dont la lecture est mise en avant. Plus qu'une distraction lors d'une période difficile, l'amour des livres se transmet entre les différents habitants de l'île, il pousse les gens à se rencontrer.

A force de lire, de parler de livres et de nous disputer à cause d'eux, nous en sommes venus à nous lier étroitement les uns aux autres. D'autres insulaires ont voulu se joindre à nous et nos soirées se sont transformées en moments chaleureux et animés. A tel point que, de temps en temps, nous arrivions presque à oublier la noirceur du dehors.


On rajoute là dessus des petites touches d'humour ici et là, distillées par la personnalité lumineuse de Juliet, une petite histoire d'amour touchante et nous avons entre les mains un roman vraiment réussi, qui aborde de nombreux sujets dans lesquels chacun peut se retrouver.






Citations:


C'est ce que j'aime dans la lecture. Un détail minuscule attire votre attention et vous mène à un autre livre, dans lequel vous trouverez un petit passage qui vous pousse vers un troisième livre. Cela fonction de manière géométrique, à l'infini, et c'est du plaisir pur.

Lire de bons livres vous empêche d'apprécier les mauvais.

Quand mon fils Ian est mort aux côtés de son père, à El-Alamein, les gens qui me présentaient leurs condoléances ajoutaient souvent: "La vie continue", pour me réconforter.
Quelle bêtise me disais-je. Bien sûr que non elle ne continue pas. C'est la mort qui continue.
Ian est mort et il sera encore mort demain, l'année prochaine, à jamais. La mort est sans fin.
Mais peut-être y aura-t-il une fin à la tristesse.

Avez-vous remarqué que, lorsque votre esprit est focalisé sur une personne, sa présence se manifeste partout où vous allez? Mon amie Sophie appelle cela des coïncidences, et Mr Simpless, mon ami pasteur, la grâce. Il pense que quand on aime profondément une personne ou une chose, on progette une énergie à travers le monde qui lui apporte "la fécondité".


Challenge Coupe des 4 maisons: Batteur, un livre écrit à 4 mains, 25 points

dimanche 18 décembre 2016

6 minutes 23 séparent l'enfer du paradis - François Suchel


Quatrième de couverture:


C'était il y a un peu plus de cent ans, Clément Ader faisait décoller son premier "Appareil Volent Imitant l'Oiseau Naturel", ouvrant ainsi la voie aux aventuriers du ciel. Les pionniers écrivirent la légende, puis vint le temps de la démocratisation: le ciel ouvert à tous. Aujourd'hui, voyager en avion est devenu banal. Mais c'est aussi un métier... un métier qui intrigue.
Commandant de bord à Air France, François Suchel nous invite à parcourir la Terre à ses côtés pour comprendre ce qu'est la vie de pilote. De la préparation des vols au bonheur de traverser les nuages, en passant par les ambiances du cockpit, il confie ses sensations, ses émotions. Il évoque Georges, cet amical ennemi qu'est le pilote automatique. Il décrit un déroutement dans un pays en guerre, un vol de reconduits à la frontière qui tourne mal, un steward appelé aux commandes d'un Boeing 747, une fin de grossesse rocambolesque, un atterrissage périlleux avec un moteur en panne. Tous ces grains de sable qui transforment parfois un vol en aventure. il revient aussi sur la catastrophe du Rio-Paris, révélant pour la première fois la version d'un pilote de ligne qualifié sur Airbus A330.
Histoires vécues, anecdotes drôles ou graves, François Suchel nous fait rêver ou frissonner, ne nous laissant jamais indifférents.

Quelques infos:


Editeur: Paulsen
Parution: Janvier 2016
Pages: 219

Mon avis:


Depuis longtemps fascinée par l'aviation, j'attendais de pouvoir lire ce témoignage depuis que j'ai eu vent de sa sortie. 
Cette compilation d'anecdotes vaut le détour, François Suchel nous fait partager sa passion pour son travail avec enthousiasme.
Il nous parle de son métier aussi bien dans sa dimension scientifique notamment quand il décrit les procédures à suivre lors d'un embarquement ou d'un atterrissage mais aussi sous abord beaucoup plus poétique lorsqu'il parle des levers ou couchers de soleil auxquels il assiste confortablement assis dans son cockpit. Le côté humain n'est pas oublié lorsqu'il évoque les interactions entre les différents membres d'équipage.

C'est donc un panorama complet du métier de pilote de ligne que l'on découvre ici, une plongée dans les coulisses de l'aviation. Même si on y perd un peu notre latin face au vocabulaire professionnel utilisé ou aux explications scientifiques parfois un peu ardues, la lecture est malgré tout plaisante.

On perçoit toute la difficulté de ce métier qui permet à ces monstres d'acier de défier les lois de la gravité et où chaque paramètre négligé peut créer des pannes aux conséquences plus ou moins graves.
L'auteur évoque avec humilité et franchise les leçons qu'il en tire au quotidien.

À la fin du livre, l'auteur a inséré des schémas du cockpit de l'avion (quelle complexité !!!) ainsi qu'un lexique du vocabulaire et des acronymes utilisés. De quoi satisfaire les esprits curieux qui souhaitent découvrir le métier de pilote et les avions !




Challenge Coupe des 4 maisons: Mimi Geignarde, livre dont vous n'aimez pas la couverture, 15 points

mercredi 14 décembre 2016

Le sixième sommeil - Bernard Werber


Quatrième de couverture:


PHASE 1
Assoupissement
PHASE 2
Sommeil léger
PHASE 3
Sommeil lent
PHASE 4
Sommeil très profond
PHASE 5
Sommeil paradoxal
PHASE 6
Le sixième sommeil
Celui de tous les possibles

Quelques infos:


Editeur: Albin Michel
Parution: 30 Septembre 2015
Pages: 416

Mon avis:


Un peu soucieuse ces derniers temps, j'avais envie d'une lecture légère sans être trop optimiste, pas forcément drôle mais sans prise de tête. "Le sixième sommeil" était posé en évidence sur les rayonnages de la bibliothèque municipale et j'ai eu l’œil attiré par cette couverture que j'ai trouvé particulièrement jolie. Et je me suis dit qu'un Werber tombait à point nommé vu mon état d'esprit du moment. 

Et effectivement, la première partie du livre a parfaitement rempli son rôle. On y rencontre Jacques et sa mère Caroline Klein, chercheuse reconnue qui a fait de l'étude du sommeil et des rêves la mission de sa vie. En proie à des crises de somnambulisme qui la mettent en danger, elle veut percer le mystère de ses nuits. Cette partie du roman est distrayante et intéressante, j'ai aimé le personnage de Caroline. C'est une femme intelligente, avec du caractère, qui invite son fils à explorer les rêves pour mieux appréhender son quotidien. Son éducation l'aide à devenir un adulte bien dans sa peau.
Suite à un incident expérimental, elle est renvoyée du centre de recherche au sein duquel elle travaillait et disparaît mystérieusement. Son fils, devenu adulte part à sa recherche. Sur les conseils de son futur lui même rencontré en rêve, il part jusqu'en Malaisie rencontrer le peuple Sénoï qui fascinait tant sa mère.

Et là, ça se gâte. si la partie scientifique m'a accroché, celle "romanesque" m'a ennuyé. Autant le Jacques enfant était adorable et intéressant, le Jacques adulte est nonchalant, passif et particulièrement énervant. Quand au personnage de Franckie Charras, ancien soldat devenu narcoleptique suite à une vaccination, il m'a paru peu crédible. Et puis l'intrigue est faible et le message écolo assez insipide. (Je ne vais pas m'étendre sur la scène du restaurant malaisien qui m'a donné envie de vomir.) La description du mode de vie des Sénoïs est mal exploitée. L'intégration des héros est trop facile ce qui rend l'ensemble vraiment improbable.

Un roman inégal, pas inintéressant mais à des années lumières de la saga "Les fourmis" et "Les thanatonautes" sur le plan de la qualité. Dommage!




Challenge Coupe des 4 maisons: Aspic, livre noté en dessous de 13/20 sur Livraddict

mercredi 7 décembre 2016

A la recherche du Père Noël - Thierry Dedieu




"Impatient de voir le Père Noël, un bonhomme de neige décide de partir à sa rencontre. Il y arrivera mais à quel prix?"



Voici certainement le plus bel album de la collection de La Crevette. Le livre en lui même est magnifique. Un grand format dont le papier est granuleux, comme s'il avait été peint.

L'histoire est particulièrement touchante. Balluchon sur l'épaule, un courageux bonhomme de neige part à la recherche du Père Noël afin de lui offrir un petit cadeau. En chemin, il demande à sa route aux animaux qu'il rencontre. 




Mais c'est donnant-donnant. Un renseignement contre un cadeau et rapidement notre petit bonhomme de neige se sépare de son baluchon, son cadeau, son chapeau.... Et que lui restera-t-il à offrir au personnage qu'il avait tant envie de rencontrer? 




Les illustrations sont absolument splendides. Les animaux sont d'un réalisme époustouflant.




J'ai aimé la morale de l'histoire. Déjà notre bonhomme de neige ne baisse pas les bras, il met tout en oeuvre pour atteindre son objectif. Lorsque l'ours se met en colère, il n'a pas peur et il utilise ce qu'il sait faire de mieux. Il apporte sa douceur pour calmer la fureur de l'ours en chantant une petite comptine. 




Et même si notre bonhomme de neige a fait de mauvaises rencontres avec ces animaux qui l'ont dépossédé de tous ses biens, heureusement, le Père Noël, lui, n'attend rien en retour.





C'est donc un album de saison que je vous recommande tout particulièrement tant il enchantera petits et grands.

Voici ma 14e participation au rendez vous hebdomadaire Chut les enfants lisent du blog Devine qui vient bloguer