mardi 25 septembre 2018

La piscine magique - Carl Norac et Clothilde Delacroix



Quelques infos:


Édition: Didier Jeunesse
Date de parution: Février 2017
Âge: dès 5 ans


Notre avis:


La savane est en ébullition! Roi Lion a proposé à certains animaux, triés sur le volet, de venir plonger dans sa piscine magique.


Les animaux essayent leurs maillots de bain les plus chics, afin d'être sélectionné.


Le lion a fait son choix. La girafe, l'ours, Marquise de Cochon, le singe, le marabout et le phoque arrivent devant la fameuse piscine, émerveillés. 


Qu'a-t-elle de magique cette piscine? C'est simple, il suffit de plonger en prononçant un vœu et l'eau de la piscine se transforme immédiatement. Ainsi l'ours plonge dans une piscine de miel, Marquise de Cochon dans du parfum....

Tout se passe pour le mieux jusqu'à l'arrivée de la Reine, la lionne qui éprouve beaucoup de mépris pour ces invités et qui veut les congédier sans ménagement...


Je ne vais pas vous spoiler la fin, la "chute" est vraiment drôle. 

C'est un album joyeux, à l'humour potache qui ravit La Crevette. Les illustrations sont gaies et colorées, les expressions des animaux vraiment amusantes.

C'est un album parfait pour un moment de complicité entre parent et enfant qui pourront imaginer leur vœu, la prochaine fois qu'ils plongeront dans une piscine!





Voici ma participation au rendez-vous hebdomadaire "Chut les enfants lisent" du blog "Devine qui vient bloguer"

Le général du roi - Daphné Du Maurier



Quelques infos:


Édition: Phébus
Date de 1ère publication: 1946
Pages: 360

Mon avis:


Si vous ne connaissez pas Honor Harris, je vous conseille fortement de la découvrir dans ce fabuleux roman. Nous sommes au 17e siècle. Cette jeune fille de l'aristocratie anglaise, au caractère vif et impertinent, doit se fiancer au tempétueux Colonel Richard Grenville. Mais le jour des fiançailles, un accident prive Honor de l'usage de ses jambes. Elle renonce alors à son grand amour qui repart sur les mers affronter les ennemis de l'Angleterre. Quinze ans plus tard, alors que la guerre civile fait rage entre les partisans du Parlement et les royalistes, leurs routes se croiseront de nouveau, réveillant leur folle passion.

Voilà un portrait de femme inoubliable. Malgré son infirmité, Honor est une femme libre, qui au mépris des conventions, suivra les élans de son cœur. Elle ne s’apitoie jamais sur son sort, ni sur ce qui aurait pu être, faisant preuve d'une grande lucidité sur le caractère de son amant.

"Je sus alors que nous étions liés pour toujours, que je ne pourrais jamais le renvoyer. Ses fautes étaient mes fautes, son arrogance mon fardeau, et ce qui se tenait debout devant moi, Richard Grenville, était ce que la tragédie de ma vie l'avait fait."

Le personnage de Richard Grenville est remarquable. Tout comme Honor, j'ai été séduite par son impétuosité, sa loyauté, son franc parler. La guerre et cet amour manqué le rendront vaniteux et arrogant, et parfois même cruel. Richard et Honor sont des personnages contrastés mais complémentaires. Il est d'un tempérament fougueux, alors qu'elle fait preuve d'une grande sagesse. Il est brutal, elle est la douceur incarnée. Jouant le rôle d'amante, de confidente, elle sera pour Richard un soutien indéfectible. 

"S'il avait avec moi cette douceur, cette délicatesse des sentiments, comment pouvait-il se montrer si dur, si cruel, si méprisant avec les autres, envers son propre fils? Devais-je ne plus le voir jamais? Le laisser mener sa vie comme il l'avait menée jusque là? Ou bien au contraire ignorer les souffrances à venir, contraindre mon corps débile à la torture incessante de sa présence réelle, lui donner sans restriction aucune le petit bagage de sagesse que j'avais pu amasser, tout l'amour, toue la compréhension susceptibles de lui apporter un peu de paix?"


Ce lien qui les unit est bouleversant, tragique... C'est un amour qui traverse le temps, se moque des blessures. Ils forment pour moi un couple mythique.

Ce livre n'est pas seulement une histoire d'amour, c'est également un roman historique qui dépeint la guerre civile qui fit rage au 17e siècle entre les royalistes et le Parlement. Daphné Du Maurier ne nous emmène pas sur les champs de bataille, pourtant la guerre est là, en toile de fond. C'est la guerre vécue par les femmes, qui pansent les blessures, soutiennent leur soldats, vivent les privations, cachent les fuyards....

 Sur ce versant là, j'ai du m'accrocher. Beaucoup de lieux, de noms qui ne m'évoquent pas grand chose. Une troisième lecture sera nécessaire pour pouvoir appréhender l'ensemble. 

Comme toujours, Daphné Du Maurier m'a emmené avec elle, en Cornouailles, dressant le portrait de personnages inoubliables qui se font les témoins d'une époque tragique et peu connue du public français. C'est une lecture un peu ardue mais bouleversante. 



vendredi 21 septembre 2018

L'inconnue de Birobidjan - Marek Halter



Quelques infos:


Édition: Robert Laffont
Date de parution: 2012
Pages: 435


Mon avis:


Nous sommes en 1950, le réseau d'espionnage qui a vendu les secrets de la bombe atomique aux Russes vient d'être démantelé, les politiques cherchent à faire tomber Truman et une chasse aux sorcières est lancée. Mieux vaut ne pas avoir d'amis communistes sous peine d'avoir des comptes à rendre à la commission des activités anti-américaines dirigée par McCarthy et Nixon. C'est ainsi que Marina Andréïeva Gousseïev se retrouve accusée du meurtre d'un agent américain infiltré en territoire russe. Elle est actrice, d'origine russe, d'une beauté incroyable.

"Mais sa beauté ne devait rien aux maquilleuses de la MGM ou de la Warner. J'aurais mis ma main au feu que cette femme avait déjà du voir défiler les vérités de la vie dans son cinéma personnel."

Afin d'éviter la chaise électrique, elle raconte son histoire. A l'âge de 19 ans, après avoir été la maîtresse de Staline, elle fuit les sbires de son ancien amant et se réfugie dans une province autonome de la Russie: le Birobidjan, un territoire juif. Ainsi pour sauver sa vie, elle se fera passer pour une juive. En pleine seconde guerre mondiale, voilà qui est peu commun! Elle croisera la route de Michael Apron, médecin américain dont elle tombera amoureuse mais en ces temps troublés, le bonheur ne durera qu'un temps...

Je suis assez partagée sur ce roman. Autant j'ai aimé le côté historique et culturel, j'ignorais tout du Birobidjan, j'ai assez peu lu sur le maccarthysme et j'ai apprécié d'en savoir plus. J'ai moins adhéré au style littéraire, trop journalistique à mon goût. Le dernier chapitre où le narrateur lit un rapport des services secrets révélant le fin mot de l'histoire m'a donné l'impression d'être bâclé.
J'ai été gênée par le type de narration. Les chapitres alternent entre le procès et la vie de Marina en Russie. Ceux consacrés au procès sont racontés à la 1ère personne par un journaliste assistant à l'interrogatoire de Marina. Lorsqu'elle raconte son histoire, c'est un narrateur externe qui s'exprime. Parfois même, ses propos sont relatés par un autre, son avocat par exemple. Cette narration à la 3e personne crée une distance avec l'héroïne alors même que j'aurais du être touchée par son histoire. Les émotions, les sentiments, tout ce qui fait le côté romanesque d'un livre, ne m'ont pas été transmis, je suis restée de glace face à l'histoire de cette femme vivant un amour impossible en pleine Sibérie orientale. 

J'ai néanmoins apprécié l'ironie de l'histoire résumée en quelques mots par le narrateur:

"Mais pour moi, la pensée que Marina et Apron, au temps du nazisme, aient pu, à leur manière, être "devenus juifs" afin de vivre leur amour dans ce Birobidjan perdu m'apaisant profondément."


A découvrir pour la culture...



mardi 18 septembre 2018

La grande famille - Galia Bernstein



Quelques infos:


Edition: Album Nathan
Date de parution: 2018
Public: Dès 3 ans

Mon avis:


Simon est un petit chat. Il déclare à ses cousins les félins faire partie la famille.



Lion, puma, tigre et consort trouvent l'idée complètement absurde!




L'affirmation de Simon déclenche l'hilarité générale!!!



Et tour à tour, chaque animal lui explique pourquoi il ne peut pas être un félin. Le félin est rapide, cruel, grand et puissant, rien à voir avec cette petite boule de poils rondouillarde...



Jusqu'à ce que Simon arrive à les faire douter.... Et s'il avait raison?


Coup de cœur partagé avec la Crevette pour cet album découvert par hasard dans notre librairie jeunesse préférée.

J'ai vraiment aimé cette histoire qui parle des différences qui ne sont finalement pas si importantes, du sentiment d'appartenance à un groupe et à une famille. Il y a également une petite description de chaque animal et de leurs caractéristiques: le puma saute très haut et vit dans les montagnes, la panthère vit dans la jungle... De quoi aiguiser la curiosité de nos petits lecteurs!
J'ai aimé les réactions de Simon. Loin de se laisser abattre face aux arguments parfois moqueurs de ses cousins, il se défend tant et si bien qu'il va réussir à leur démontrer qu'au fond ils sont tous pareils malgré leur différences.

Les illustrations sont fantastiques! La Crevette est particulièrement intriguée par cette double page où les animaux s'esclaffent! Il faut avouer qu'on a bien envie de rigoler avec eux tant leurs expressions sont hilarantes!

C'est un album qui ravira les amoureux des chats, petits ou grands.



Rendez-vous tous les mercredis sur le site Devine qui vient bloguer pour découvrir les lectures de nos enfants dans la rubrique Chut les enfants lisent.

mardi 11 septembre 2018

Toute la lumière que nous ne pouvons voir - Anthony Doerr




Quelques infos:


Édition: Livre de Poche
Date de publication: 2016
Pages: 697

Mon avis:



C'est en flânant entre les rayonnages d'une librairie que j'ai été attirée par la jolie couverture représentant une vue aérienne de Saint Malo. L'autocollant "Prix des lecteurs 2017" et la lecture du résumé ont achevés de me convaincre d'acheter ce livre.

Marie-Laure est française. Orpheline de mère, elle vit seule avec son père qui travaille au Muséeum d'histoire naturelle à Paris. Devenue aveugle, elle est poussée par son père à dépasser son handicap. Ingénieux, il s'évertue à créer maquettes et autres casse tête pour que Marie Laure adapte et développe ses autres sens. Poussés par la guerre à l'exode, père et fille se réfugient à Saint Malo où s'organise la résistance.
Werner est allemand. Il vit avec sa sœur dans un orphelinat où son seul avenir est de descendre à la mine comme les autres hommes de la région. Mais c'est un enfant curieux et dégourdi qui se passionne pour les radios, qu'il répare avec ce qu'il trouve lors de ses escapades autour du pensionnat. Son talent est remarqué par un officier allemand qui le pousse à intégrer une école des Jeunesses hitlériennes. C'est ainsi qu'il se retrouve, un peu malgré lui, sur le front à rechercher des émetteurs radios clandestins.

Ce roman alterne des chapitres courts basculant d'un personnage à un autre, d'une époque à une autre. Le style est incisif, percutant. Les phrases sont courtes, fragmentées. Les ellipses font travailler l'imagination du lecteur qui en ressort tout étourdi. Nos jeunes héros auront finalement vécu le bombardement de Saint Malo de la même manière. Werner est pris au piège dans une cave effondrée, Marie-Laure est privée de sa vue, et c'est à l'aide de leurs seuls sens encore efficients qu'ils essayeront de sauver leur peau.

Malheureusement, le style de l'auteur m'a parfois gênée. Le bombardement de Saint Malo est le fil rouge du roman. On y revient sans cesse entre deux chapitres consacrés à l'enfance des deux enfants. Et il y a une telle tension dramatique pendant cet épisode que j'ai trouvé cet effet "page turner" assez insupportable et un peu artificiel.

C'est dommage car j'ai vraiment été emportée par le tragique destin de Werner et de Marie-Laure, ces deux adolescents brutalement sortis de l'enfant en ces temps de guerre. Leur extrême maturité est particulièrement touchante et ne peut laisser indifférent. Du haut de leur seize ans, ils nous donnent une belle leçon de vie.

" Quand j'ai perdu la vue, on m'a dit que j'étais courageuse. Quand mon père est parti, on m'a encore dit que j'étais courageuse. Mais ce n'est pas du courage: je n'avais pas le choix. Tous les matins, je me réveille et je vis ma vie. Pas vous?"

Il y a également toute une galerie de personnages secondaires tout aussi attachants: le père de Marie-Laure, qui s'investit avec amour dans l'éducation de sa fille handicapée, son grand-oncle, devenu un peu fou après la première guerre mondiale et qui va peu à peu sortir de sa torpeur sous l'influence de la jeune fille...
Comme à chaque roman sur le sujet, le lecteur est amené à s'interroger. Qui fait vraiment la guerre? La guerre ne provoque-t-elle pas que des victimes?

"Tu sais qu'elle est la plus grande leçon de l'histoire? C'est qu'elle est toujours écrite par les vainqueurs. La voilà la leçon. Celui qui juge, c'est le vainqueur."


Au final, voilà un énième roman sur la seconde guerre mondiale qui a le mérite de renouveler le genre. Ce livre ne peut laisser indifférent. Loin d'y trouver le chef d'oeuvre vanté par la quatrième de couverture, j'ai trouvé cette histoire passionnante mais mal desservie par le style de l'auteur.




vendredi 7 septembre 2018

Manderley for ever - Tatiana de ROSNAY



Quelques infos:


Edition: Le livre de poche
Année de parution: Mai 2016
Pages: 522

Mon avis:


Généralement, les biographies m'attirent peu, je préfère découvrir les écrivains à travers leurs œuvres. On m'avait cependant chaudement recommandé cet ouvrage qui m'a permis de découvrir l'énigmatique auteur de "Rebecca" et de "Ma cousine Rachel". Ses œuvres éclectiques, ses personnages et ses histoires ambiguës ont attisé ma curiosité et c'est avec un certain plaisir que je me suis plongée dans cette biographie qui se lit comme un roman. 

De sa plus tendre enfance jusqu'à sa disparition, ce livre balaye les 81 années de sa vie. Très jeune, elle découvre l'amour des livres et de là, naît sa vocation d'écrivain.

"La magie des livres est une drogue, un sortilège, une échappatoire, aussi puissante, aussi envoûtante que le Pays imaginaire de Peter Pan. Pendant que ses sœurs mènent leur vie (thés dansant pour Angela, tennis et cricket pour Jeanne) que Muriel règne sur Cannon hall en maîtresse de maison exemplaire, que Gerald fait palpiter ses admirateurs sur les planches, Daphné lit."


J'ai aimé découvrir le processus de création littéraire, les mots, l'histoire qui jaillissent de son esprit à partir d'une rencontre, d'un sentiment nourri à l'égard d'un proche, tous ses lieux, ses personnes qui ont nourri son imaginaire.

"Voilà comment naissent les romans, d'ardeur et d'obsession, tout ce qu'on ne peut exposer au monde extérieur au risque de passer pour une démente, tout ce qui se trame dans l'âme des écrivains, fragments de vérité et de fantasmes, argile personnelle façonnée et pétrie à souhait dans les dédales d'un labyrinthe de l'intime, interdit aux visiteurs et aux curieux"

Tatiana de Rosnay dresse le portrait d'une femme mystérieuse, à la personnalité complexe. C'est une femme entière, faisant fi des conventions qui apparaît comme particulièrement moderne pour son époque. Derrière ce caractère affirmé, j'ai aimé découvrir sa fragilité, ses déceptions face aux critiques négatives, sa part d'ombre notamment lorsqu'elle revendique sa préférence pour son dernier fils, un garçon, elle qui se sent garçon dans un corps de fille. Cette dualité et son besoin de solitude rendent parfois complexes ses relations avec ses proches.

"Comment leur comprendre, à tous, sans les blesser, sans les heurter, que sa priorité, ce n'est ni son enfant, ni son mariage, ni sa mère, ni ses sœurs, c'est écrire?"

Le travail de Tatiana de Rosnay est remarquable, on la sent passionnée par son sujet. Elle nous emmène dans les lieux qui ont tant inspiré la romancière. On découvre son amour pour les vieilles pierres, cet attachement quasi viscéral pour Menabilly, un vieux manoir qui lui inspira le fameux Manderley dont les murs ont été témoin de la tragédie de Rebecca.

"Les gens et les objets disparaissent, pas les lieux." 


Un livre passionnant qui décrit avec finesse et émotion la vie passionnante d'une grande dame de la littérature et qui donne envie de (re)découvrir toute sa bibliographie.