mercredi 5 juin 2019

Les bracassées- Marie-Sabine Roger


Quelques infos:


Édition: Le Rouergue
Date de parution: août 2018
Pages: 315

Mon avis


Fleur vit seule dans son appartement avec son chien Mylord. Agoraphobe, elle ne sort que pour ses séances avec son thérapeute et étouffe ses angoisses à coup de Zenocalm et Placidon.
Harmonie est une jeune fille atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette. Ses gestes désordonnés et sa coprolalie suscitent au mieux le rire, au pire la peur. 
Ces deux femmes vont se rencontrer et nouer une amitié improbable auquel se rattachera toute une galerie de personnages inclassables, eux aussi mis au ban de la société à cause de leur singularité.

"Toutes les deux nous sommes d'une espèce en voie de progression, l'espèce de celles et ceux qui nichent dans des caches, se terrent dans des trous de hobbit, vivent dans des bocaux étiquetés Obésité morbide Syndrome de Machin ou Maladie de Truc. Nous sommes de l'espèce des paumés inclassables condamnés pour survivre à se faire oublier."

Marie-Sabine Roger et moi, c'est une grande histoire. Depuis ma rencontre avec La tête en friche, je suis tombée sous le charme de sa plume et j'ai dévoré tous ses romans. Je me suis donc plongée avec bonheur dans son dernier livre.
Et là aïe! Ça coince, la magie n'opère plus. De quel côté vient cette faiblesse: de moi? D'elle? Je ne peux me résoudre à abandonner alors je persiste. Et soudain, la voilà la petite étincelle. Je retrouve ses mots magiques, son sens inégalé de la formule...et je commence à comprendre tout le travail stylistique que Marie-Sabine Roger a effectué pour que l'on s'imprègne des personnages. Certes il faut s'habituer au monologue barbant de Fleur, aux insultes d'Harmonie mais plus elles avancent et créent des liens avec le monde qui les entoure, plus elles se débarrassent de leurs tics et leurs manies. Au final, ce qui me dérangeait quand j'ai entamé ma lecture m'est apparu alors comme l'une des forces de ce roman car il met en évidence toute la progression des personnages.

C'est une belle leçon de tolérance que nous livre là Marie-Sabine Roger. Elle aborde avec humour et légèreté des sujets graves et elle éclaire d'un regard optimiste des situations désespérées.

"On ne peut voir le monde qu'avec ses propres yeux mais on peut distinguer le beau dans le disgracieux, le sublime dans le grotesque, l'immense dans le minuscule. Ne voir que si nous dérange c'est du temps perdu sur le bonheur."

Toute l'essence de ce livre est résumé dans cette phrase. C'est une histoire qui redonne foi en le genre humain et offre un remède efficace et nécessaire contre l'intolérance.



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