Quelques infos:
Date de la 1ère parution: 1874
Édition: Archipoche
Date de la présente édition: Mai 2015
Pages: 470
Mon avis:
Dans le sud de l'Angleterre à la fin du 19e siècle, un jeune berger Gabriel Oak s'éprend de la belle Bathsheba Everdene qui repousse sa demande en mariage. Gabriel connaît un nouveau revers de fortune lorsqu'il perd brutalement tout son troupeau. Ruiné, il est contraint de demander une place dans une ferme où la propriétaire n'est autre que Bathsheba. Dans un univers d'hommes, elle tente de diriger seule sa ferme, soutenue par Gabriel toujours épris d'elle. Mais deux prétendants courtisent la belle fermière. Dans ce quadrilatère amoureux, le cœur et les émotions de Bathsheba seront mis à rude épreuve.
Voici un classique de la littérature anglaise considéré comme un des 50 meilleurs romans par la BBC. Il a été publié à l'époque dans un magazine, sous forme de feuilleton. De ce fait, les chapitres ont tous un intitulé et sont relativement courts. Thomas Hardy nous plonge dans la vie rurale du 19e siècle. Le lecteur assiste aux travaux à la ferme, rythmés par les saisons, respectueux de la nature et où la moindre erreur peut être fatale pour un troupeau et une récolte. Comme si le succès ou l'infortune ne tenait qu'à un fil, à une bonne ou mauvaise décision. Ce témoignage du monde agricole de l'époque est porté par toute une galerie de personnages secondaires dont Thomas Hardy dresse le portrait et dissèque le moindre petit défaut.
L'auteur livre également une fine analyse des relations humaines à travers les déboires amoureux de ses quatre personnages principaux. C'est là que se trouve ma petite pointe de déception. J'ai trouvé à certaines phrases des relents de misogynie qui m'ont profondément déplu.
"Comme chez beaucoup de femmes, les sentiments de Bathsheba dépendaient en grande partie de ses nerfs."
Et bim! On en prend pour notre grade! Alors certes, il faut se remettre dans le contexte de l'époque mais ses phrases toutes faites sur les femmes que l'auteur assène comme des vérités ont fini par m'agacer. Je trouvais également que le personnage de Bathsheba ne relevait pas le niveau. Elle est impétueuse, vaniteuse et se conduit parfois comme une écervelée.
"Bathsheba considérait l'amour comme un jeu; mais elle ne se faisait aucune idée de l'amour vrai, celui qui subjugue."
Ces traits de personnalité ne l'aident pas à prendre les meilleures décisions. Et pourtant, au fil des chapitres, on la voit douter, réfléchir à ses erreurs et prendre acte des conséquences. Cette évolution la rend plus humaine, j'ai fini par lui pardonner ses erreurs et ses inconséquences et éprouver pour elle une forme de compassion. Au final, on prend conscience de la modernité du personnage qui doit prendre des décisions, faire sa place dans un milieu d'hommes à une époque où pour les femmes, le salut ne passait que par un bon mariage.
Autour d'elle gravitent ses trois courtisans: le patient et fidèle Gabriel Oak, M. Boldwood au caractère passionné et le sergent Troy, un séducteur un brin cynique. Bathsheba arrivera-t-elle à faire le bon choix? C'est le fil rouge du roman. Ma petite fleur bleue a été un peu déçue voire même malmenée. Je ne me suis pas sentie emmenée par la description du sentiment amoureux, l'auteur portant même sur l'amour en général un regard assez pessimiste.
"Leur mutuel attachement n'était autre que cette affection profonde qui naît, hélas! trop rarement, lorsque le hasard a mis en présence, sous le jour le moins favorable, deux être qui, seulement plus tard, révèlent leur grandes qualités. Cette bonne camaraderie, qui résulte de la poursuite d'un but commun, est malheureusement peu fréquente à côté de l'amour: homme et femme veulent bien s'associer dans le plaisir, mais non pas dans la peine. Cependant, quand des circonstances fortuites permettent son développement, ce double sentiment est le seul amour qui soit aussi fort que la mort, l'amour que rien ne peut ébranler ni amoindrir, à côté duquel toute autre passion de ce nom n'est que vaine fumée."
Au final, j'ai apprécié ma lecture grâce à l'évolution que l'auteur a donné à Bathsheba (j'ai vraiment été circonspecte au début!) et à la description de la vie dans les campagnes anglaises à l'époque. J'y étais venue chercher une belle et grande histoire d'amour, j'ai été un peu déçue de ce point de vue là. Je dois également préciser que la traduction dans cette édition m'a paru particulièrement mauvaise. La mise en page également, l'absence de saut de ligne dans les paragraphes entre deux scènes complique nettement la lecture.