mardi 6 juin 2017

La Belle du Caire - Naguib Mahfouz



Quelques infos:


Edition: Folio
Pages: 283
Date de 1ère parution: 2001

Mon avis:


Le Caire, 1930. L'Egypte connaît de profonds bouleversements sociaux. Difficile néanmoins de se faire une place dans la haute société cairote qui reste fermée et où règne la corruption. C'est pourtant ce à quoi Mahgoub Abd-el-Dayim, étudiant à l'université, aspire. Il regarde avec envie ses camarades, plus aisés que lui. Son diplôme obtenu il tente de trouver un emploi, mais il n'obtient qu'une place mal payée. Il est alors approché par un lointain parent de la famille qui lui propose de servir de mari de complaisance à la maîtresse d'un homme riche, la belle Ishane pourtant promise à un de ses camarades d'université. Faisant fi de tout scrupule, il accepte le marché et obtient ainsi une place confortable. Bientôt rattrapé par son passé, le jeune homme se retrouve finalement dans une impasse. Qu'adviendra-t-il de ce curieux ménage à trois?


Ce roman est passionnant et m'a fait découvrir un pan de l'histoire égyptienne. Les discussions entre les camarades d'université témoigne des mutations qui agitent la société cairote. L'auteur s'attache à nous décrire les personnalités et l'histoire des différents personnages, entre l'étudiant traditionaliste, prônant les valeurs de l'islam ou celui qui aspire à révolutionner la société en prenant part à la vie politique. Un étudiant se démarque, Mahgoub. Issu d'un milieu particulièrement défavorisé, il ne croit qu'en lui et veut devenir quelqu'un. Il cache derrière ses réflexions cyniques, une profonde jalousie envers ses camarades. Tout lui fait envie: leur physique, leur aisance, leurs histoires d'amour, lui qui se contente des faveurs d'une prostituée. C'est un personnage particulièrement repoussant, à la morale discutable. Il n'hésite pas, au nom de son ambition, à trahir ses amis et à renier sa famille.

"Il interprétait les philosophies avec une logique cynique conforme à son goût, et adorait l'adage de Descartes "je pense donc je suis". Il approuvait sur le fait que l'être est le fondement de l'existence et affirmait, conséquemment, que son être à lui est la chose la plus importante au monde, et que le bonheur de cet être était tout ce qui l'intéressait. (...) Sa dérision envers les hommes de science ne le cédait en rien à celle qu'il témoignait aux hommes de religion. Il n'avait dans l'existence qu'un seul but: le plaisir et la puissance, par les voies et moyens les plus simples, sans obéir à une morale, une religion ou une vertu."

Son ascension sociale, motivée par une profonde amertume, est rapide. Elle lui permet de jouir d'un statut honorable et reconnu. Mais basée sur un mensonge, son mariage corrompu, il n'arrive à faire taire sa conscience et et ne peut empêcher la chute.

"Le regard assombri par une chape obscure, il s'efforça d'aiguillonner son esprit rebelle et murmura un faible "baste", qui, chose extraordinaire, trahissait tout son désespoir et sa soumission"

C'est une histoire captivante qui, contrastant avec ce héros antipathique, prône de belles valeurs morales et humaines.  Une belle découverte

2 commentaires:

  1. Coucou ! J'ai lu ce livre il y a quelques temps, et mes impressions rejoignent pas mal ta chronique. Tres belle histoire dans un contexte intéressant à découvrir comme tu le soulignes... j'en ai gardé un très bon souvenir.

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    1. Il fait effectivement partie des livres qui marquent leur empreinte. Le lecteur ne peut rester indifférent au destin de Mahgoub aussi désagréable que puisse être ce personnage. Une leçon de vie!

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