mardi 11 avril 2017

Harry Potter et l'enfant maudit - Jack Thorne et John Tiffany




Quelques infos:


Edition: Gallimard
Date de parution: Octobre 2016
Pages: 314

Mon avis:


Nous retrouvons Harry Potter là où nous l'avions laissé à la fin du 7e tome. Toute la famille Potter accompagne le fils cadet Albus sur la voie 9 3/4, pour sa première rentrée à Poudlard. Mais ce n'est pas facile d'être le rejeton du célèbre Harry Potter et Albus voulant se démarquer de son paternel se lie d'amitié avec Scorpius, le fils de son pire ennemi Drago Malefoy et commet les pires bêtises qui menaceront l'équilibre du monde des sorciers.

Ce livre est le script de la pièce de théâtre jouée actuellement à Londres et qui remporte un triomphe. Evidemment, les éditeurs ne pouvaient pas manquer ce qui promettait être un gros succès commercial. Résultat, j'ai eu l'impression de lire quelque chose de non abouti, comme s'il s'agissait du brouillon de ce qu'ont rédigé les auteurs. Ce qui fait le charme des livres de J.K Rowling, ce sont les descriptions et les détails qu'elles apportent à ses romans qui permettent au lecteur de se plonger dans l'univers des sorciers et d'oublier sa pauvre condition de moldu.
Ici, rien de tout ça, le format pièce de théâtre n'est pas adapté, les didascalies ne suffisent pas à recréer l'univers du monde magique.

Les dialogues sont mièvres et sonnent creux. Je n'ai pas retrouvé ce que j'aimais dans les personnages, l'évolution de leur caractère est improbable et les relations entre eux, je pense notamment à Ron et Hermione, frisent la caricature.

L'intrigue en elle même n'est pas du tout respectueuse de l'oeuvre originale: la potion de polynectar se fabrique en deux temps trois mouvements, les retourneurs de temps qui permettent de modifier le passé,.. Je n'ai rien trouvé de bon dans ce livre dont j'ai survolé les dernières pages.

La magie n'a pas du tout opéré et cet opus ressemble plus à une escroquerie qu'une réelle suite des aventures d'Harry Potter.

jeudi 6 avril 2017

Le pianiste - Wladyslaw Szpliman



Quelques infos:


Edition: Pocket
Date de 1ère parution: 1998
Pages: 316


Mon avis:


Nous sommes en 1939. L'Allemagne vient d'envahir la Pologne et Varsovie tombe aux mains des soldats nazis. La famille Szpilman est une famille de musicien. Un des fils, Wladyslaw, est un pianiste reconnu. Mais ils sont juifs. Rapidement, ils se retrouvent enfermés dans le ghetto où ils voient leurs libertés se réduire comme peau de chagrin et où ils subissent les exactions de soldats allemands et de policiers juifs collabos. En 1942, la famille est emmenée  pour être conduite jusqu'au 
camp de Treblinka. Au moment de monter dans le train, un policier le reconnaît, l'attrape et le sort de la foule in extremis malgré ses protestations. Commencent alors de longs mois d'errance dans les rues de Varsovie dévastées où luttant contre le froid et la faim, Wladyslaw se battra pour échapper au sort qu'auront connu sa famille et des millions de coreligionnaires.

Voilà un témoignage poignant sur la vie dans le ghetto de Varsovie. Je m'étais attendue à une lecture rude, je n'ai pas été déçue! 

Ecrit juste après la guerre, l'auteur est encore sous le coup de ce qu'il a vécu. Il expose les faits dans un style concis sans s’apitoyer sur son sort ou sans écrire des pages et des pages sur les horreurs auxquelles il a assisté. On le sent sidéré parce qu'il voit. Les exécutions sommaires, les enfants abattus froidement, les vieux défenestrés, les humiliations.... Rien ne lui a été épargné! 

Certains passages m'ont bouleversée, notamment lors de l'évacuation d'un orphelinat où un brave médecin accompagne les enfants vers le train en leur faisant croire "qu'il s'agissait d'une excursion à la campagne, qu'ils allaient enfin sortir des murs étouffants du ghetto pour découvrir des prairies en fleurs, des ruisseaux où ils pourraient se baigner, des bois remplis de groseilles et de champignons... Il leur avait recommandé de revêtir leurs plus beaux habits, et c'est ainsi qu'ils sont apparus sous mes yeux, deux par deux, bien habillés et le cœur en fête. La petite colonne était emmenée par un SS qui en bon allemand, aimait les enfants, même ceux qu'il conduisait dans l'autre monde. Il avait été particulièrement charmé par un garçon d'une douzaine d'années, un jeune violoniste qui avait pris son instrument sous le bras. Il lui a demandé de se placer en tête de la procession et de jouer des airs entraînants. Et c'est de cette manière qu'ils se sont mis en route."

Enfin un peu d'espoir apparaît lorsque la résistance s'organise et que Wladyslaw trouve un soutien dans la partie aryenne de Varsovie où d'anciennes relations le cachent jusqu'à cette rencontre avec cet officier allemand qui le sauvera. L'espoir devient enfin palpable et accessible. 

J'ai été impressionné par sa force vitale. Séparé des siens, alors même qu'il se terre dans les greniers des immeubles détruits, il lutte encore et toujours et veille à préserver ses mains dans l'espoir de retrouver son métier de pianiste à la fin de la guerre.
J'ai aimé la présence de la musique tout au long des pages et cette référence au nocturne en ut dièse mineur de Chopin, qui reste, bien avant que je connaisse l'existence du livre, mon préféré. Ici encore, l'art rapproche les hommes.

Ce témoignage est une extraordinaire leçon de vie et d'histoire que tout le monde devrait lire afin de savoir et de ne pas oublier.


"La vie dans le ghetto était d'autant plus atroce qu'elle gardait les apparences de la liberté, au contraire. Il suffisait de descendre dans la rue pour avoir l'impression trompeuse de se trouver au milieu d'une ville comme les autres. Nous ne prêtions même plus attention à nos brassards de Juifs, puisque nous en portions tous un. (...) Mais les rues du ghetto, et elles seuls, finissaient touts contre un mur. Il m'arrivait souvent de partir en marchant au hasard, sans but précis, et chaque fois j'étais surpris de buter sur l'une de ces barrières. Elles se dressaient là où j'aurais voulu continuer à avancer, m'interdisaient de poursuivre ma route, et il n'y avait aucune raison logique à cela? Soudain, la portion de la rue située de l'autre côté du mur devenait l'endroit le plus chérissable au monde, celui dont l'avais le plus besoin, qui à cet instant précis recelait tout ce que j'aurais désiré voir... Mais le mur restait le plus fort."



Nocturne en ut dièse mineur de Chopin:




mercredi 5 avril 2017

La révolte des marmottes - David Gautier et Isabelle Mandrou


La Crevette a eu la joie de recevoir un album jeunesse dans le cadre d'une opération Masse Critique lancée sur le site Babelio. Ce sont les éditions Boule de neige qui m'ont envoyé cet album rigolo et qui a tout de suite plu à la demoiselle!



Bébé Marmotte veut faire une blague à ses amis. Caché derrière un rocher avec son ami l'escargot, il bondit pour leur faire peur.... Malheureusement, personne ne réagit, ils sont tout en pleine digestion d'un repas pantagruélique composé de restes de pizza, sandwich et bonbons abandonnés là par des randonneurs... 



Vexé, Bébé Marmotte décide d'attaquer les responsables...




Et c'est la révolte des marmottes!!!




J'ai trouvé les illustrations particulièrement réussies avec un Bébé Marmotte super attachant et des paysages savoyards très jolis. Quelques touches d'humour ici et là m'ont fait sourire, notamment le patronyme de l'escargot , Usain Bolt, ou le surnom donné aux randonneurs qui sont ici les chaussures fumantes qui sentent le jus de chaussettes!
Je n'ai pu qu'adhérer au message écologique caché derrière cette histoire, c'est un bon moyen que d'aborder avec La Crevette le respect de la nature.
Le texte est dynamique et permet des jeux de voix qui la font bien rire. Je remercie l'auteur d'avoir inséré un "Banzaï!!!!!!" qui retentit désormais dans toute la maison!
Seule la fin m'a paru manquer un peu de fantaisie mais ça ne semble pas perturber La Crevette!
Avec un doudou Marmotte qui est dans le top 3 des doudous officiels, elle a vraiment accroché à cet album sympathique!
Et moi, ça m'a rappelé des souvenirs!



jeudi 30 mars 2017

La cuisinière - Mary Beth Keane




Quelques infos:


Édition : Presse de la cité
Date de parution : janvier 2014
Pages: 401

Mon avis:


Quel destin tragique que celui de Mary Mallon! 
Cette immigrée irlandaise débarque à New York à la fin du 19e siècle. Travailleuse et déterminée, elle grimpe petit à petit l'échelle sociale et devient cuisinière pour des familles fortunées. Certains membres des familles dont elle s'occupe tombent malades mais quoi d'anormal dans cette ville surpeuplée et insalubre?
Cependant, un expert des autorités sanitaires mène l'enquête et fait le lien entre la présence de Mary aux cuisines et l'apparition de la thyphoide dans les foyers.
À cette époque, la notion de "porteur sain" est méconnue et lorsqu'il tente de lui expliquer qu'elle transmet la maladie en cuisinant, la farouche irlandaise refuse de croire ce dont on l'accuse. Se sentant persécutée et victime de préjugés  elle se rebiffe et c'est manu militari que Mary se retrouve en quarantaine sur l'île de North Brother au large de Manhattan où, isolée des siens, elle mènera un combat pour retrouver la liberté.

S'inspirant d'un personnage ayant réellement existé, l'auteur nous dresse le portrait saisissant d'une femme indomptable et obstinée. Sans aucun parti pris, elle nous raconte son histoire, de son arrivée à New York dans des conditions effroyables, jusqu'à son histoire d'amour avec Alfred, un homme oisif et alcoolique. 
Le lecteur comprend rapidement le danger que Mary fait courir aux familles pour qui elle cuisine. Mais j'ai été touchée par cette femme courageuse, qui ne peut comprendre une notion aussi abstraite que celle du porteur sain. Elle doit lutter, seule, sur plusieurs fronts. Les autorités ne prennent pas de gants avec elle. Les examens médicaux sont humiliants, elle vit dans la crainte de perdre un certain statut social qu'elle a mis tant de temps à acquérir. Elle est en lutte avec son destin, elle qui est entièrement dévouée à son travail et qui ne peut l'exercer sans répandre la mort autour d'elle. J'ai aimé la façon dont elle évolue, elle passe de la colère au déni puis à l'acceptation d'une réalité à laquelle elle ne peut échapper.

L'auteur évoque également des tragédies qui ont émaillées la vie de New York comme le naufrage du Général Soclum (1000 morts) ou l'incendie de l'usine Triangle Shirtwaist. Le lecteur se trouve en immersion totale dans la vie New Yorkaise de l'époque. Au delà du portrait de Mary, elle dépeint les problèmes sanitaires, les difficultés de logement, les inégalités sociales, le pouvoir des journaux, mais aussi la solidarité qui règne entre les habitants des quartiers pauvres.
Passé le premier tiers, où les nombreux flash back m'ont posé quelques problèmes, la suite du roman est passionnante et les pages se tournent rapidement.


Bien écrit et richement documenté, ce livre me laisse la satisfaction d'avoir appris énormément de choses et je garderais longtemps le souvenir de Mary Mallon.



samedi 25 mars 2017

Une lettre de vous - Jessica Brockmole



Quelques infos :


Édition: Pocket
Pages: 318
Date de parution : 2014

Mon avis :


Ce roman épistolaire nous propose un voyage entre deux continents et deux époques. 
Il s'ouvre sur la correspondance, commencée en 1912, entre Elspeth, une poétesse vivant sur l'île de Skye en Ecosse, et David, un américain, admirateur de ses poèmes. 
Puis l'auteur nous emmène en 1940, où Margaret échange des lettres avec son amoureux parti au front. Elle lui raconte la découverte fortuite d'une correspondance entre Sue et Davey qui l'amène à enquêter sur les secrets bien gardés de sa mère.

Alors certes, un petit manque de crédibilité m'a gênée, notamment le style que j'ai trouvé trop moderne pour du courrier datant de 1912. De plus, lorsqu'on devait attendre des lettres trois semaines, le temps qu'elles traversent l'océan, j'ai des difficultés à croire que le correspondant ne se contentait que d'écrire trois lignes. La fin et la réaction incompréhensible d'un des protagonistes, m'ont également parues un peu tirées par les cheveux.

Néanmoins, je garde le souvenir plaisant d'une lecture très agréable. C'est une belle histoire d'amour, racontée avec de jolies phrases, tout en pudeur et délicatesse. C'est la rencontre improbable entre deux individus, qu'un océan sépare mais que les mots rapprochent.

"Je me couche tôt pour cesser de ruminer et chasser la solitude, mais je n'arrive pas à fermer l'œil. Je l'avoue, j'ai ressorti et relu toutes vos lettres, ce qui fait que parfois, je m'endors enveloppée de vos mots."

Elspeth est un personnage féminin moderne pour son époque. Un peu à l'étroit sur son île d'où elle ne s'échappe qu'à travers ses lettres ou poèmes, elle suit son cœur, faisant fi des conventions, l'amour la poussant à aller au delà de ses limites.
David est un homme qu'on aimerait rencontrer. À la fois malicieux, vif d'esprit et bienveillant, il sait manier les mots avec tendresse.

"Le 24 décembre au soir, juste sur le coup de minuit sors dehors et lève la tête vers la lune. Goûte les flocons sur tes lèvres en imaginant que ce sont les miennes qui t'effleurent ainsi. Je sortirai pile au même moment. Je te le promets. Peu importe si je suis toujours à Paris ou n'importe où ailleurs en France, je fermerai les yeux et j'aurai la même pensée. Peut-être qu'elle deviendra réalité, ne serait-ce qu'un instant."

J'ai également aimé l'enquête menée par Margaret et l'audace dont elle fait preuve pour découvrir les secrets de sa mère.
La vie des civils pendant les deux grandes guerres est également évoquée. Le rationnement, l'éloignement familial, les blessures physiques et psychologiques qu'elles provoquent forment la trame de fond de ce roman qui se révèle être plus qu'une romance épistolaire.

Ce livre est arrivé au bon moment. Après avoir quitté un univers quelque peu sinistre, cette lecture lumineuse et facile m'a offert un bol d'air de bons sentiments.



mardi 21 mars 2017

Parce queue ! - Agathe Hennig

Découvert au hasard de mes balades dans les librairies spécialisées, je vous présente aujourd'hui un livre devinette amusant comme tout !





On découvre sur chaque page un animal différent dont on ne voit que la queue. Une petite devinette accompagne les illustrations et lorsque l'on soulève le rabat, l'animal apparait en entier !







Les illustrations faites en aquarelle sont absolument magnifiques!! Les pages sont toutes douces,  j'ai autant de plaisir à le toucher qu'à le regarder! Et les petits lecteurs adorent soulever les rabats qui rendent la lecture ludique et interactive !




La Crevette attend rarement la fin de la devinette,  toute impatiente qu'elle est de  découvrir l'illustration en entier !



À noter qu'il existe un autre tome, appelé "Prise de bec" où cette fois c'est l'arrière de l'animal qui est masqué. Je ne l'ai pas encore acheté ( le seul défaut de ce livre est son prix: 19,50 euros!) Mais ça ne saurait tarder !


Ceci est ma quinzième participation au rendez-vous Chut les enfants lisent du blog de Yolina Devine qui vient bloguer



Les hauts de Hurle-vent - Emily Brontë


Quelques infos:


Édition: Folio
Pages : 503
Date de 1ère parution: 1846


Mon avis:


La première fois que j'ai rencontré Heathcliff et Catherine, c'était au collège lorsque j'ai du étudier "Kamo, l'agence Babel" de Daniel Pennac en cours de français. Cela m'a suffisamment marqué pour que je m'en souvienne encore aujourd'hui et, chaque fois que je rencontrais des œuvres qui y  faisait référence, je me disais qu'il était peut-être temps que je découvre pleinement cette histoire. C'est chose faite aujourd'hui.
Au cas où vous viendriez d'une autre planète et que vous n'en aviez jamais entendu parler, voici un bref résumé.

Heathcliff est un jeune garçon adopté par M. Earnshaw. Hindley, le fils légitime le rejette immédiatement tandis que sa sœur Catherine en tombe amoureuse. Lorsque M. Earnshaw décède, Hindley fait subir les pires affronts à Heathcliff et lorsque Catherine se marie à un autre, il jure alors de se venger des deux familles.

Je suis contente de l'avoir enfin lu et tout aussi contente de l'avoir fini et de quitter cet univers glauque et ces héros torturés.
Cette lecture ne m'a apporté aucun réconfort, aucun plaisir à retrouver ces personnages que je n'ai pas pu ni soutenir ni apprécier. Pas un pour rattraper l'autre. Ils sont soit violents, soit maladifs, soit fous, ou en passe de le devenir. 
Les émotions sont exacerbées, capables de provoquer la mort. L'amour ne transcende pas les individus, il est possessif et destructeur et n'apporte aucun apaisement. 

"Mon amour pour Heathcliff ressemble aux roches immuables qui sont en dessous : source de peu de joie apparente mais nécessaire. Nelly, je suis Heathcliff !"

L'ambiance est austère, l'environnement sombre et le domaine des Hurle-vent repoussant. 
Le style de narration est assez déroutant. L'histoire est racontée par M. Lockwood, fraîchement arrivé dans la région et qui découvre la terrible histoire des familles Earnshaw et Linton, racontée par Nelly, qui parfois, en faisant parler un personnage, rajoute un troisième niveau dans cette narration, de quoi perdre un lecteur averti.

Alors, ai-je aimé ou pas? Pas vraiment. Je n'adhère clairement pas aux émotions et aux actes qui y sont décrits. J'en garderai juste la satisfaction d'avoir été au bout d'un grand classique de la littérature anglaise, mais, là, tout de suite, j'ai envie de joie et de lumière !