mercredi 22 mai 2019

Sur les sentiers de grande randonnée- Jean Marie Maquet



J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique organisée par le site Babelio. Merci à eux et aux éditions Weyrich!
Dans ce beau livre, l'auteur nous fait partager sa passion pour la randonnée et nous emmène avec lui sur les 1200 km de chemin balisés qui sillonnent la Wallonie. Les joyaux naturels et historiques sont mis en valeur par de magnifiques photos qui prouvent toute la richesse de cette province belge qui a bien des trésors à dévoiler!
L'auteur nous invite à la marche et à la contemplation de ces panoramas. L'ensemble est porté par un joli texte qui s'attarde sur les détails et les singularités qui font le charme de cette région.
De quoi donner envie de rechausser bottes de rando!

jeudi 16 mai 2019

Les feuilles mortes - Thomas H. Cook



Quelques infos:

Édition: Gallimard Série Noire
Date de parution: 2008
Pages: 275

Mon avis:


Eric Moore mène une vie sans histoire auprès de sa femme Meredith et de son fils Keith âgé de 15 ans. Jusqu'au jour où la fille de ses voisins, Amy 8 ans, disparaît alors que son fils en avait la garde le temps d'une soirée. Très vite les soupçons se portent sur Keith, adolescent renfermé et taciturne, qui semble cacher bien des secrets. Eric se sent tiraillé entre sa position de père, prêt à tout pour protéger son fils et ses doutes sur son innocence.

Je ne suis pas vraiment fan du genre thriller, mais dès que le nom de Thomas H. Cook apparaît, c'est en toute confiance que je me plonge dans un de ses romans. Là encore, je n'ai pas été déçue. Comme à son habitude, le récit est raconté après les événements dramatiques qu'ont connu la famille Moore. Petit à petit, l'auteur tisse la toile de l'intrigue, les pièces du puzzle s'assemblent jusqu'à la révélation finale. L'originalité du récit vient du fait que l'histoire est racontée par le père du principal suspect. On assiste alors aux dommages collatéraux de cette tragique histoire de disparition. 

"Le soupçon est un acide. Il ronge tout ce qu'il touche. Il s'attaque à la surface des choses en y laissant une marque indélébile."

L'intérêt du roman se n'est pas l'enquête en elle même qui est d'ailleurs conclue assez rapidement mais du cheminement que fait Eric qui se met à douter de ses proches. Ses doutes et ses sentiments sont mis en avant. Comment concevoir que son enfant ait pu commettre l'irréparable? La mécanique bien huilée de sa famille parfaite et sans histoire s'enraye. Les non dits et les reproches apparaissent. Son propre passé resurgit et le conduit à une spirale autodestructrice et paranoïaque. 
Il y a peu d'action dans ce roman mais on y trouve une analyse approfondie des liens père/fils et du soupçon qui insidieusement ronge le cocon familial. 

"Qu'est ce que l'amour filial sinon aimer des gens que l'on n'aimerait pas?"

C'est un roman très sombre. Le mythe de la famille parfaite en prend un sacré coup. Le doute, omniprésent, rend l'atmosphère pesante.  Malgré les longs moments d'introspection du personnage principal, l'ensemble se lit sans ennui et s'avère même assez addictif. Comme Eric, le lecteur aimerait arriver à se positionner. Comme d'habitude, l'auteur flirte avec les genres: roman noir? Polar? Thriller? Roman psychologique? Un peu tout à la fois, ce roman se révèle être encore un coup de maître!





mercredi 15 mai 2019

L'atelier des miracles - Valérie Tong Cuong



Quelques infos:


Édition: JC Lattès
Date de parution: 2013
Pages: 264


Mon avis:


Millie est une jeune fille solitaire qui échappe de peu à l'incendie de son immeuble. Espérant se débarrasser d'un lourd secret en endossant une nouvelle identité, elle feint l'amnésie. 
Mariette ne supporte plus son métier de professeur d'histoire-géo. Poussée à bout par ses élèves, elle plonge dans la névrose. 
Monsieur Mike, déserteur de l'armée, trouve refuge dans la rue jusqu'au jour où il se fait passer à tabac. 
Ses trois accidentés de la vie vont croiser la route de Jean, une âme charitable qui tient l'Atelier des Miracles, une association qui aide ceux dans le besoin à remettre le pied à l'étrier.
La première partie est consacrée au parcours chaotique des trois protagonistes, on suit leurs errances jusqu'à l'arrivée providentielle de Jean où ils entament leur processus de résilience. Les portraits sont bien dessinés, l'empathie pour ces âmes blessées immédiate. Puis, curieusement, le roman prend une autre tournure, pour s’intéresser à la personnalité énigmatique de Jean et de sa générosité finalement pas si désintéressée. Virage plus ou moins bien négocié. Continuer sur la lancée de la première partie prenait le risque de faire tomber ce roman dans une forme de mièvrerie. Mais la reconstruction des personnages est bien trop rapide pour être crédible, et la personnalité trouble de Jean ne m'a pas convaincue.
La lecture n'a pas été désagréable en soi mais je n'ai pas vraiment été convaincue par cette histoire un peu surréaliste dont les thèmes de l'acceptation de soi, la résilience ou de la maîtrise de son destin n'ont pas été assez approfondis à mon goût.




samedi 11 mai 2019

Un paradis - Keyi SHENG



Quelques infos:


Édition: Philippe Picquier
Date de parution: Septembre 2018
Pages: 176

Mon avis:


A Shanghai, une jeune femme simple d'esprit décrit de l'intérieur la vie de femmes enfermées dans une clinique pour mères porteuses illicite qui tient autant du camp militaire que de la maison close. Face à la violence des hommes, elle montre la solidarité entre les prisonnières, désignées par des numéros mais qui s'attribuent entre elles des noms de fruits.

Le sujet avait tout pour me plaire et les critiques font l'éloge d'un texte décrit comme poétique. Mais voilà, la narratrice est une jeune fille déficiente et c'est un beau bordel dans sa tête. La narration passe du coq à l'âne, impossible de savoir si elle parle du présent ou du passé ou si ce qui se passe est réel ou le fruit de son imagination. Bien que le roman ait été traduit, pour moi c'était du chinois. J'ai abandonné au bout de 50 pages... J'ai un peu honte quand je pense qu'il n'en comporte que 176! Mais quand la mayonnaise ne prend pas, je préfère passer à autre chose.




lundi 6 mai 2019

Anthracite - Cédric Gras



Quelques infos:


Édition: Folio
Date de parution: 2016
Pages: 288

Mon avis:


Depuis l'hiver 2014 où le gouvernement a été renversé par la révolution de Maïdan, le climat est tendu en Ukraine entre les pro-russes et les pro-ukrainiens. Vladlen, le chef d'orchestre de l'Opéra de Donetsk, regarde ce tumulte de loin, plus préoccupé par son histoire adultérine avec Essénia que par le climat politique de son pays. Le jour où il joue (par mégarde?!) l'hymne ukrainien devant un public de séparatistes, le voilà pourchassé dans les rues de Donetsk. Contraint de fuir la région, il rejoint son ami d'enfance, Emile, un ingénieur travaillant dans les mines à charbon du coin. 
A bord d'une Volga hors d'âge, les deux amis partent à travers leur Donbass natal ravagé par la guerre, rejoindre leur femme ou leur maîtresse.

J'ai découvert Cédric Gras grâce à son livre La mer des cosmonautes lu en Février 2017. J'avais adoré et c'est en confiance, découvrant ce titre dans les étagères de mon libraire préféré que je me suis plongé dans ce roman.
J'ai trouvé ce livre remarquable à plusieurs points de vue.
L'auteur dresse le tableau d'une région ravagée par un conflit, vu par les yeux de Vladlen et Émile. Nos deux protagonistes se retrouvent embarqués dans une histoire dont l'enjeu les dépasse. Les volte-face de nos deux antihéros au gré des barrages tenus soit par les révolutionnaires soit par les séparatistes donnent lieu à des scènes qui oscillent en permanence entre burlesque et tragédie. C'est avec un brin de cynisme que Cédric Gras nous fait partager cet épisode de l'histoire moderne qui s'est passé à nos portes et dont les enjeux dépassent les frontières de l'Ukraine même. L'histoire de Vladlen et d'Émile ne sert que de prétexte à nous informer sur les forces en présence et la confusion qu'a générée ce conflit. Le tout sans aucun parti pris. 

"Tant de jeunes hommes étaient déjà morts dans les steppes pour une causse aussi inexpliquée que les trous noirs de l'univers. Que graverait-on sur leurs tombes? -L'absurde reconnaissant"? Il ne restait plus qu'à prier."

Le seul reproche: un petit rappel historique ou même une carte m'aurait aidé dans ma lecture. J'avoue avoir peiné les 50 premières pages à comprendre qui était qui. 

De l'Histoire, de l'humour et même un peu de poésie dans les descriptions de ces steppes modelées par l'industrie minière et métallurgique. L'auteur maîtrise le sujet et je me suis laissée embarquée par ce roman.