lundi 31 juillet 2017

La mémoire des embruns - Karen Viggers




Quelques infos:


Edition: Le livre de poche
Pages: 568
Date de 1ère parution: Mars 2015


Mon avis:


Mary, 77 ans, passe sa retraite à Hobart en Australie. Elle sent sa santé s'affaiblir et décide de partir en pèlerinage sur l'île Bruny où elle a vécu avec ses enfants et son mari, le gardien du phare. Elle remonte ainsi le fil de ses souvenirs, tentant de réparer ses erreurs avant de rendre son dernier souffle. Parallèlement, Tom, son benjamin, tente de la soutenir et de la comprendre. C'est un homme solitaire, qui fuit la société depuis son retour d'un voyage en Antarctique. Nous les suivons dans leurs cheminements intérieur alors même que Mary s'éteint et que son fils tente de retrouver le goût de la vie.

Cette saga familiale avait tout pour plaire. La mer, le vent, la Tasmanie, le phare... Malheureusement, je suis restée sur ma faim. L'alternance de la narration, l'une à la 3e personne l'autre à la 1ère, m'a gênée. La description des paysages, faites de phrases très courtes, ne m'aidait pas à me faire une représentation de l'île Bruny. Peu de détails sur la vie du gardien de phare, l'auteur privilégie les moments d'introspection, cela occasionne quelques longueurs.
L'histoire en elle même est convenue, l'auteur tente de ménager un suspens mais on a vite fait de comprendre la faute de Mary et ce qui a rendu Tom asocial. 

 Une vie entre deux océans, qui reprend les même thèmes (la vie d'un gardien de phare, les secrets de famille...) m'avait tellement plu, que j'attendais les mêmes émotions à la lecture de celui-ci. Il lui manque un supplément d'âme, une magie dans les mots qui m'a laissée à la place de spectatrice.
Ce n'est pas un livre qui marquera ma mémoire.




lundi 17 juillet 2017

Le Cercle - Dave Eggers




Quelques infos:


Edition: Gallimard
Date de 1ère parution: 2016
Pages: 511


Mon avis:


Mae Holland, 24 ans, vient de se faire engager par une entreprise informatique prestigieuse: Le Cercle. Elle intègre son siège californien et découvre, éblouie, les règles sociales appliquées par son nouvel employeur. Le siège de l'entreprise ressemble à un parc d'attraction où les employés ont accès à des salles de sport, ont un suivi médical rigoureux et peuvent tester les derniers gadgets. Au Cercle, il ne suffit pas de travailler, il faut également participer activement à la communauté en utilisant les réseaux sociaux; Relayer les infos, commenter, liker, suivre sa cote de popularité qui évolue selon son taux de participation. Jouant le jeu jusqu'à la démesure, Mae se fait remarquer et progresse rapidement au point de devenir une personnalité en vue. Appliquant à la lettre les consignes de son employeur, Mae s'éloigne de ses proches et devient l'instrument consentant d'une entreprise totalitaire.

Voici un roman de science-fiction qui fait froid dans le dos. C'est une version 2.0 de 1984 qui j'ai lu adolescente. Ici c'est le Cercle qui nous regarde, collectant les infos que nous laissons innocemment sur le net, croisant les données et obligeant les internautes à se dévoiler. Cette société semble idéale, plus de mensonges, accès à la connaissance illimité... Derrière des objectifs philanthropiques se cache une entreprise qui veut tout contrôler, tout aseptiser... Dave Eggers pousse son raisonnement à l'extrême: que deviendrait une société où l'on pourrait tout montrer, tout voir? Deviendrait elle un paradis où le mensonge, les mystères seraient bannis ou au contraire une tyrannie, où la norme devrait être respectée, où l'intimité serait bannie et considérée comme anormale? 
Les raisonnements sont simplifiés à l'extrême (si vous n'avez rien à vous reprocher, pourquoi vous cacher?), l'avis des masses met à mal notre libre-arbitre. La façon dont cette araignée tisse sa toile, prenant dans ses filets de simple concitoyens, puis des hommes politiques, puis des gouvernements entiers est terrifiante. 
Certains passages sont savoureux, les réactions de ses collègues lorsqu'elle oublie de commenter une de leur publication ou de participer à leur réseau donnent lieu à des scènes complètement absurdes.
Les entretiens entre Mae et sa hiérarchie sont remarquables. Une machinerie à broyer tout sens critique se met en branle alors même que les dialogues semblent bienveillants. Mae se fait manipuler sans même s'en rendre compte.

Même si ce livre connaît quelques longueurs et présente une piètre qualité littéraire, le propos est intéressant, instructif et a le mérite de faire réfléchir sur notre utilisation des réseaux sociaux et des données que nous laissons sur le net. 



vendredi 7 juillet 2017

1, rue des petits pas - Nathalie Hug





Quelques infos:


Edition: Calmann-Levy
Date de 1ère parution: Février 2014
Pages: 346

Mon avis:


Nous sommes au lendemain de l'armistice marquant la fin de la première guerre mondiale. Dans un village proche de Verdun, des rescapés s'organisent pour former un semblant de communauté parmi les ruines. Parmi eux, il y a Louise, jeune orpheline recueillie et soignée par la matrone du village qui lui transmet son savoir. Mais à la mort de celle-ci, Louise peine à se faire reconnaître par sa communauté. Elle est jeune, étrangère au village, ne sait ni lire ni écrire. Pourtant, elle offre une oreille attentive aux maux des femmes qu'elle rencontre lors de ses consultations. A cette époque, la condition des femmes est dramatique. Victime de viols, d'inceste, de grossesses non désirées, d'accouchement laborieux, le travail de Louise est indispensable. En dépit des risques qu'elle encourt et des rumeurs dont elle est victime, elle exercera son métier dans un monde gouverné par la folie des hommes.

J'ai découvert ce roman par hasard, sur un site consacré aux livres. Concernée par le sujet, les histoires de sage-femme m'interpellent. Je n'ai pas été déçue.
D'un point de vue strictement médical, je n'y ai constaté aucune erreur. L'auteur s'est bien documentée, bien entourée. Le métier de sage-femme est parfaitement décrit, dans ses moindres détails. 
Nathalie Hug nous rend ici un bel hommage.

"L'histoire de notre profession est absurde, aucun médecin sortant de la faculté n'était formé à l'obstétrique. Ceux qui désiraient apprendre l'art de l'accouchement et de la chirurgie gynécologique étaient instruits par une sage-femme. Cent ans plus tard, ces mêmes médecins nous interdisent l'usage du forceps ou de la césarienne, sous peine d'être emprisonnées, au prétexte inavoué que nous sommes des femmes, donc inaptes et ignorantes."

C'est un roman qui nous emmène dans l'intimité féminine, ses maux, ses souffrances, ses secrets. C'est une période confuse,  les hommes ne sont pas tous revenus du front, certains sont devenus fous, d'autres sont estropiés. Les bordels fleurissent un peu partout et les maladies aussi. J'ai trouvé cette période particulièrement sombre et difficile. Je ne m'attendais pas à autant de souffrance, la vie est particulièrement rude. La mort rode à chaque coin de rue et n'épargne pas les enfants. La reconstruction se fait dans la douleur. 

"Dieu n'a rien à voir là-dedans, affirma la sage-femme. Crois-moi. Les hommes sont assez stupides pour s'entre-tuer et martyriser les femmes. Et après, on comptera les morts sur le front en oubliant toutes celles qu'on a assassinées autrement."

Dans un style brut, Nathalie Hug décrit le calvaire de ces femmes, les viols, les incestes, les maladies. Les détails anatomiques sont précis, elle ne nous épargne ni les odeurs, ni les couleurs! Âme sensible attention!
Un peu d''espoir néanmoins dans l'amour que Louise éprouve pour un étrange personnage et la relation maternelle qu'elle noue avec ce nouveau né orphelin. Elle même victime d'un viol collectif, elle peine à refaire confiance, ne crois plus en Dieu ni à l'amour. On assiste à sa lente reconstruction psychique et le soutien de cet amour incroyable est bouleversant. 

La construction du roman m'a un peu déstabilisé. Certains passages font référence à des légendes, on flotte par moment entre mythe et réalité. Au fil des chapitres le puzzle se met en place, néanmoins la lecture de ce roman requiert toute l'attention du lecteur qui risque de s'y perdre dans cette multitude de personnages.

Néanmoins, ce roman, en tant que témoignage de la folie des hommes, de la condition des femmes en cette période d'après guerre et en tant qu'hommage au métier de sage-femme mériterait de passer entre toutes les mains, pour ne pas oublier....

mardi 27 juin 2017

Cachés dans la jungle - Peggy Nille

Sa tata a offert dernièrement un très joli album à La Crevette. 
Paru en Mars 2017 aux éditions Acte Sud junior, c'est un livre jeu nous offre un voyage magique au cœur d'une jungle sublimée par une explosion de couleurs.



Les 20 animaux cachés dans l'album sont présentés au début du livre. Lion, girafes, lémurien et même dinosaure, c'est un bestiaire vraiment exotique que l'on trouve ici! Une fois les présentations faites, c'est parti pour un voyage au cœur d'une jungle luxuriante!


Ce sont des décors vraiment somptueux.  Chaque double page fourmille de détails, l'illustratrice joue avec la lumière et les couleurs pour camoufler les animaux. Il faut être attentif pour arriver à tous les dénicher! 





C'est un album qui offre un joli moment d'échange entre le parent et le petit lecteur qui s'amuseront à dénicher tous les animaux. A noter que la dernière page apporte les solutions en nous révélant leurs cachettes!
 Il n'est pas sans rappeler Le livre de la jungle très jungle que je vous avais présenté en octobre dernier. Les graphismes et les animaux présentés sont néanmoins différents et l'un comme l'autre, ils nous ont enchanté !

Voici ma 19e participation au rendez-vous Chut les enfants lisent du blog Devine qui vient bloguer.


vendredi 23 juin 2017

Mille femmes blanches - Jim Fergus



Quelques infos:


Edition: Pocket
Date de 1ère parution: 2000
Pages: 506

Mon avis:


En 1874, le chef Cheyenne Little Wolf rencontre le président Grant à Washington. Afin de réconcilier les deux peuples, il lui fait une proposition: mille femmes blanches contre mille chevaux. Selon lui, les enfants qui naîtront de leur union avec les indiens favoriseront l'intégration de tout un peuple au monde des Blancs. Officiellement, la proposition fut refusée. Mais en coulisse, le président et le conseiller trouvèrent quelques avantages à ce projet, notamment celui d'offrir une solution pacifique au conflit avec le peuple indien.
Comme il est difficile de trouver mille volontaires enthousiastes c'est dans les prisons et les hôpitaux psychiatriques qu'un premier groupe de femmes est recruté et envoyé dans les Grandes Plaines auprès du peuple Cheyenne.
May Dodd est l'une d'entre elles. Internée de force dans un asile pour avoir eu des enfants hors mariage, elle subit pendant son hospitalisation des traitements inhumains. Ce projet est pour elle synonyme de liberté. 

"Franchement, vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisés", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages."

A travers son journal intime, nous suivons son aventure. Avec elle, nous faisons connaissances avec les autres femmes qui ont toutes eu de bonnes raisons de partir vivre cette folie. Elle nous raconte son long voyage en train jusqu'aux Grandes Plaines, l'émotion de la première rencontre avec son nouveau peuple. Au fil des jours, elle et ses consœurs découvrent une nouvelle culture, une nouvelle langue. Bien loin des clichés qu'on lui avait inculqué sur ce peuple sauvage, elle en apprend les règles et découvre avec émotion une société plus simple et plus juste, respectueuse des êtres vivants et de la nature.

"Oui, malgré son étrangeté sauvage et ses difficultés, notre nouveau monde me semblait ce matin-là d'une douceur indicible: je m'émerveillais de la perfection et de l'ingéniosité avec lesquelles les natifs avaient embrassé la terre, avaient trouvé leur place dans cette nature; tout comme l'herbe du printemps, ils me semblaient appartenir à la prairie, à ce paysage. On ne peut s'empêcher de penser qu'ils font partie intégrante du tableau..."

Elle redécouvre auprès des Cheyennes la liberté dont elle a été privée et s'interroge sur le bien fondé de sa mission. Car derrière ce tableau idyllique se cache une réalité plus dure: le territoire Cheyenne attire la convoitise des Blancs. Elle prend alors conscience du piège qui se referme sur son peuple d'adoption.

C'est un roman fascinant. Déjà par sa description des us et coutumes du peuple Cheyenne. Sans aucun tabou, May nous fait part de son quotidien, des travaux dans le camp, la vie nomade, des rapports hommes-femmes et des relations, parfois violentes, avec les autres tribus. Malgré la barrière de langue, l'incompréhension mutuelle face à certaines habitudes, les femmes s’intègrent petit à petit et deviennent de véritables squaws. 

May est un personnage féminin comme je les aime. C'est une femme moderne. Elle refuse les codes de la société dans laquelle elle évolue et cela lui vaudra d'être internée. Malgré les épreuves, elle reste forte et fière. Dotée d'un cœur en or, elle regarde avec bienveillance son peuple d'adoption. Elle adopte parfois un certain détachement, ce qui lui permet, non sans ironie, de comparer sa vie d'avant et sa vie de squaw.

Basé sur des faits véridiques, l'auteur mêle habilement récit intime et récit historique. A travers la plume de May, il condamne la politique de l'époque; celle où l'on pouvait se servir des femmes comme d'une monnaie d'échange et celle qui proclamait la supériorité des blancs sur le peuple indien.

C'est un de ses romans que l'on oublie pas.  C'est un hommage aux grands espaces, à la vie proche de la nature et le témoignage du génocide dont a été victime le peuple indien. 

vendredi 16 juin 2017

Aphrodites et vieilles dentelles - K. Brunk Holmqvist



Quelques infos:


Edition: J'ai lu
Date de 1ère parution: 2004
Pages: 280


Mon avis:


Tilda et Elida sont sœurs, vieilles filles, et vivent toutes deux dans la maison familiale héritée de leur parent. Sans eau courante, les toilettes sont au fond du jardin. Malgré ce manque de confort, elles sont attachée à leur maison. Elles mènent une vie réglée comme du papier à musique, rythmée par les travaux domestiques, les confitures, l'entretien du jardin.... Jusqu'au jour où un nouveau voisin s'installe dans la maison d'à côté. Lorsqu'elles constatent que l'engrais qu'il utilise fait de l'effet aux animaux du voisinage, elles décident de monter un commerce de vente par correspondance de produit aphrodisiaque afin de s'offrir des WC à l'intérieur. 

Ce livre m'a été envoyé par les Editions J'ai lu dans le cadre d'une opération Masse critique du site Babelio, merci à eux!
J'ai un peu la nostalgie du savoir-faire de nos grands parents, qui occupaient leur journée à la broderie, au jardin ou aux confitures et dont la vie était rythmée par les saisons et j'ai aimé découvrir la vie de ces deux vieilles femmes. Bien qu'âgées de 72 et 79 ans, elles restent attachées aux valeurs de piété et bonne conduite enseignées par leur parent et il est amusant de voir comment elles vont être amenées à fabriquer des potions aphrodisiaques. Elles sont vraiment attendrissantes ces deux vieilles, dans leurs petites manies, leur relation et leur courage aussi car il en faut pour monter un tel commerce quand on est vieille fille et qu'aller à la ville est déjà toute une aventure.
Malheureusement, l'histoire a du mal à décoller. Le lancement du commerce n'intervient qu'en milieu de livre. J'imaginais une réelle aventure pour nos deux petites vieilles mais l'intrigue reste dans l’œuf et le livre se referme sur une impression d'inachevé. 
C'est néanmoins une lecture agréable, le style est plaisant, les notes d'humour font mouche. Un livre à lire pour un bon moment de détente.




mercredi 14 juin 2017

Sélection de livres pour les papas


Dimanche, c'est la fête des pères. La Crevette a l'habitude d'offrir pour cet événement un livre afin de partager avec son papa chéri, un moment de complicité. Aujourd'hui, je vous présente l'album qu'il avait reçu pour son anniversaire ainsi que celui qu'il découvrira dimanche.



"Mon papa" d'Anthony Browne est incontestablement un incontournable des albums jeunesse. Paru en 2002 aux éditions "L'école des loisirs", vous le trouverez sans aucune difficulté dans n'importe quelle librairie spécialisée.


Un enfant parle de son papa et en présente toutes les qualités avec naïveté. Ce livre raconte tout l'amour de l'enfant pour son papa. Avec sa robe de chambre à carreaux et son regard ahuri, il a l'air d'un papa tout ce qu'il y a d'ordinaire. Et pourtant, c'est un papa extraordinaire! Il n'a peur de rien, gagne la course des papas, chante comme un ténor (lol!) et danse tout aussi bien (re lol!).




Chaque illustration reprend les motifs de la robe de chambre et son regard, permettant à coup sur de reconnaître le papa. Les scènes sont vraiment amusantes et les parents apprécieront l'humour complètement décalé de certaines scènes. 






Et pour finir, l'auteur évoque l'amour réciproque du papa envers son enfant. C'est un album drôle et émouvant qui plaît autant à La Crevette qu'à ses parents!
Il existe l'équivalent "Ma maman" du même auteur, tout aussi amusant.


Ce dimanche, La Crevette offrira l'album Petit poisson blanc et son papa paru cet année aux éditions Mijade.


Petit poisson blanc rencontre les habitants de la mer et chaque enfant qu'il rencontre lui parle des qualités de son papa.



Le papa tortue est très costaud, le papa hippocampe va très vite ou le papa crabe est trop rigolo. C'est un moyen de parler avec son enfant des animaux qui peuplent les océans et de leur particularités. 







J'ai beaucoup aimé les couleurs utilisées pour chaque illustration. Elles ne regorgent pas de détail et pourtant, les couleurs, les traits donnent une impression de mouvement et de vie à l'ensemble. A la fin, Petit Poisson Blanc nous parle de son papa, mais je ne dévoilerai pas ici pourquoi son papa est le plus gentil.
C'est un album qui parle des moments de complicité entre un enfant et son papa avec beaucoup de tendresse.



Voici ma participation pour cette semaine au rendez vous Chut les enfants lisent du blog Devine qui vient bloguer

jeudi 8 juin 2017

Le discours d'un roi - Mark Logue, Peter Conradi



Quelques infos:


Edition: Plon
Pages: 299
Date de 1ère parution: 2011

Mon avis:


Au début du 20e siècle, le Roi Georges V règne sur l'Angleterre. Ces deux fils ont des obligations publiques, au grand dam du prince Albert, le cadet futur George VI, atteint d'un trouble de l'élocution. Chaque discours est un calvaire, le microphone son pire ennemi. Il rencontre alors, un orthophoniste australien Lionel Logue qui l'aidera à surmonter son handicap. 

Qui n'a jamais entendu parler du film sorti en 2010 avec Colin Firth dans le rôle principal? A moins de vivre sur une autre planète, vous n'avez pas pu passer à côté. De nombreux prix sont venus auréoler de succès ce petit bijou cinématographique.
J'avais une petite appréhension à l'idée de me plonger dans ce livre car j'avais encore en tête le scénario du film. En fait, ce livre le complète parfaitement.

Mark Logue est le petit fils de Lionel Logue. Il s'est plongé dans les archives familiales a retrouvé le journal de son grand père et les courriers échangés avec le Roi. A l'aide d'un journaliste spécialisé dans la monarchie britannique il nous raconte l'histoire de ces deux hommes et de leur rencontre improbable. C'est une relation empreinte de respect et d'admiration réciproque et c'est tout naturellement que les deux hommes sont devenus amis.

J'ai aimé la personnalité de Lionel Logue. Il a beaucoup de patience et de bienveillance envers ses patients. Il se sert des honoraires payés par les plus riches pour soigner les plus pauvres. Passionné et doué d'un grand sens de l'observation, il contribue au développement de l'orthophonie et de sa reconnaissance par le monde médical. Il est également la clé de voûte du règne de Georges VI et n'en tire aucune gloire. Humble, il reste dans l'ombre Il est néanmoins fier de ce patient pas comme les autres.
Quant au Roi, il est fascinant. On assiste à sa transformation. C'est un prince effacé, accablé par son bégaiement. Contraint par l'abdication de son frère à enfiler le costume de monarque, trop lourd pour lui, c'est par la force de sa volonté et l'efficacité de son travail qu'il deviendra ce grand roi admiré par son peuple. J'en ai également appris beaucoup sur l'histoire de l'Angleterre.

A la fois passionnant et émouvant, en dépit de quelques longueurs, c'est un ouvrage à découvrir pour qui a aimé le film. Parfaitement complémentaire, il apporte en outre quelques précisions sur le déroulement des événements et la relation amicale et respectueuse qui a uni ces deux hommes.




Ouvrage lu dans le cadre du challenge des douze thèmes avec un peu de retard!

Mois de Mai: Thème "Têtes couronnées", un roman ou une biographie dont le personnage central est un roi ou une reine.

mercredi 7 juin 2017

La cité des animaux - Emmanuelle Mardesson et Sarah Loulendo

Pour les mêmes raisons qui m'ont obligé à faire une pause dans mes lectures au mois de Mai, je n'ai pas pu vous présenter d'albums jeunesse ces derniers temps. 
Maintenant que les travaux sont finis, j'espère pouvoir de nouveau m'y consacrer. 

Je commence donc ce mois de Juin par ce magnifique album découvert au hasard à la bibliothèque
La cité des animaux 
paru aux Editions LAGRUME


Nous voilà embarqués pour un fabuleux voyage dans une cité féerique peuplée de toute sorte d'animaux.


Chaque double page nous présente un instantané de la vie de ces animaux.. Un petit texte  nous les présente. On y rencontrera Ali Gagator, le crocodile bègue, Léon l'écureuil glouton ou Dubengal le Tigre. Le texte apporte du rythme, de la vie. Les touches d'humour ont fait mouche.

"On trouve de tout au marché. "A part des puces!" s'esclaffent Walter et Artus. Les montagnes d'épices ravissent les plus gourmets. De quoi enchanter Espelette la belette qui aime manger pimenté. Après avoir soigneusement désherbé son potager, le bouc Farouk cultive avec amour ses concombres et ses navets."




Les illustrations sont superbes, colorées, vivantes. Elles fourmillent de détails. un trentaine d'animaux y sont représentés. Et je me surprends à en découvrir encore d'autres à chaque fois que La Crevette me le propose en lecture. Les saynètes sont vraiment rigolotes et je crois qu'elle a une nette préférence pour celle de la fête foraine. Allez savoir pourquoi?!




C'est donc une magnifique découverte! Bientôt l'anniversaire de La Crevette, il se peut qu'il gagne définitivement les étagères de sa bibliothèque!

C'était ma 17e participation au rendez vous Chut les enfants lisent du blog Devine qui vient bloguer


mardi 6 juin 2017

La Belle du Caire - Naguib Mahfouz



Quelques infos:


Edition: Folio
Pages: 283
Date de 1ère parution: 2001

Mon avis:


Le Caire, 1930. L'Egypte connaît de profonds bouleversements sociaux. Difficile néanmoins de se faire une place dans la haute société cairote qui reste fermée et où règne la corruption. C'est pourtant ce à quoi Mahgoub Abd-el-Dayim, étudiant à l'université, aspire. Il regarde avec envie ses camarades, plus aisés que lui. Son diplôme obtenu il tente de trouver un emploi, mais il n'obtient qu'une place mal payée. Il est alors approché par un lointain parent de la famille qui lui propose de servir de mari de complaisance à la maîtresse d'un homme riche, la belle Ishane pourtant promise à un de ses camarades d'université. Faisant fi de tout scrupule, il accepte le marché et obtient ainsi une place confortable. Bientôt rattrapé par son passé, le jeune homme se retrouve finalement dans une impasse. Qu'adviendra-t-il de ce curieux ménage à trois?


Ce roman est passionnant et m'a fait découvrir un pan de l'histoire égyptienne. Les discussions entre les camarades d'université témoigne des mutations qui agitent la société cairote. L'auteur s'attache à nous décrire les personnalités et l'histoire des différents personnages, entre l'étudiant traditionaliste, prônant les valeurs de l'islam ou celui qui aspire à révolutionner la société en prenant part à la vie politique. Un étudiant se démarque, Mahgoub. Issu d'un milieu particulièrement défavorisé, il ne croit qu'en lui et veut devenir quelqu'un. Il cache derrière ses réflexions cyniques, une profonde jalousie envers ses camarades. Tout lui fait envie: leur physique, leur aisance, leurs histoires d'amour, lui qui se contente des faveurs d'une prostituée. C'est un personnage particulièrement repoussant, à la morale discutable. Il n'hésite pas, au nom de son ambition, à trahir ses amis et à renier sa famille.

"Il interprétait les philosophies avec une logique cynique conforme à son goût, et adorait l'adage de Descartes "je pense donc je suis". Il approuvait sur le fait que l'être est le fondement de l'existence et affirmait, conséquemment, que son être à lui est la chose la plus importante au monde, et que le bonheur de cet être était tout ce qui l'intéressait. (...) Sa dérision envers les hommes de science ne le cédait en rien à celle qu'il témoignait aux hommes de religion. Il n'avait dans l'existence qu'un seul but: le plaisir et la puissance, par les voies et moyens les plus simples, sans obéir à une morale, une religion ou une vertu."

Son ascension sociale, motivée par une profonde amertume, est rapide. Elle lui permet de jouir d'un statut honorable et reconnu. Mais basée sur un mensonge, son mariage corrompu, il n'arrive à faire taire sa conscience et et ne peut empêcher la chute.

"Le regard assombri par une chape obscure, il s'efforça d'aiguillonner son esprit rebelle et murmura un faible "baste", qui, chose extraordinaire, trahissait tout son désespoir et sa soumission"

C'est une histoire captivante qui, contrastant avec ce héros antipathique, prône de belles valeurs morales et humaines.  Une belle découverte

mardi 30 mai 2017

Miss Alabama et ses petits secrets - Fannie Flagg



Quelques infos:


Edition: Cherche midi
Pages: 435
Date de 1ère parution: Mai 2015

Mon avis:


Maggie Fortenberry, la soixantaine, est agent immobilier et travaille à Birmingham, Alabama. Un jour de Novembre 2008, ne trouvant plus aucun attrait à la vie qu'elle mène, elle planifie son suicide. Elle organise cet événement comme elle a toujours mené sa vie: avec méticulosité, en femme bien élevée, en essayant de ne froisser personne voire même en tâchant de leur faire plaisir en leur laissant ce qu'elle possède. C'est sans compter son amie Brenda qui lui demande de l'accompagner à un spectacle. Pour ne pas la vexer, elle décide de remettre son projet à la semaine suivante. Mais de jour en jour, d’événement improbables en rencontres inattendues, Maggie se laissera surprendre par l'imprévisibilité de la vie

Ce livre est une galerie de portraits essentiellement féminin dont je n'ai pas vraiment saisi la finalité. Autant dans son roman La dernière réunion des filles de la station service, derrière l'histoire d'une famille hors norme, transparaissait celle des pionnières de l'aviation, ici je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir. 
Certaines personnalités sont excessives. Babs l'agent immobilier, concurrente de la douce Maggie est exécrable et frise la caricature. Hazel, la patronne, naine, concentré de dynamisme et de générosité m'a paru peu crédible.
Dans le lot, seule la collègue Brenda m'a plu. Elle a un tempérament de gagnante et regarde devant tandis que Maggie ressasse sans cesse ses vieux souvenirs, ses heures de gloire lorsqu'elle était Miss Alabama. Je l'ai senti enchaînée par ses croyances, trop concentrée sur l'avis des autres. La majeure partie du livre se concentre sur ses états d'âmes. Chaque tentative de suicide avortée nous offre une plongée dans sa mélancolie, cela a fini par me lasser. En revanche, la façon dont elle organise son projet, qui l'oblige à racheter tout ce dont elle s'est débarrassée, donne lieu à des scènes assez hilarantes. Et le dernier tiers du livre laissant place à une petite intrigue se lit plus facilement. 
Mention spéciale à Leroy le bouc dont la trop brève apparition m'a bien fait rire.

C'est un livre que j'ai lu dans un contexte un peu particulier. Pour cause de travaux dans la maison, je ne me suis pas sentie à 100%. Peut être est-ce une des raisons pour laquelle je n'ai pas adhéré plus que ça à cette histoire.

jeudi 11 mai 2017

Sans même un adieu - Robert Goddard



Quelques infos:


Edition: Sonatine
Date de 1ère parution: Novembre 2016 (France)
Pages: 670

Mon avis:


Londres, 1911. Geoffrey Staddon est un jeune architecte à qui un richissime homme d'affaires vient de confier la construction de sa maison. Il rencontre alors son épouse, Consuela Caswell dont il tombe amoureux. Alors que les deux amants projettent de s'enfuir, Geoffrey renonce au dernier moment et choisit de privilégier un projet ambitieux qu'on vient de lui confier.
Douze ans plus tard, sa carrière est au point mort et ses relations avec sa femme alternent entre dispute et indifférence. En lisant le journal, il découvre une sordide affaire de meurtre par empoisonnement. La suspecte, Consuela Caswell.
Persuadé de l'innocence de cette femme qu'il a tant aimé et malgré tout abandonné, il décide de mener l'enquête. 

J'ai découvert ce titre au hasard de mes balades à la bibliothèque. J'ai été tentée car j'aime cette période de début de siècle. 
Mais parfois le hasard ne fait pas bien les choses et je n'ai pu terminer ce livre. Malgré une qualité d'écriture indéniable, des personnages bien soignés, le rythme de l'intrigue et la personnalité du héros ne m'ont pas du tout plu. Je me suis terriblement ennuyée.
Ce n'est pas faut d'avoir essayé, je suis quasiment arrivée aux trois-quarts du livre mais pour finir, honte à moi, je me suis contentée du dernier chapitre histoire de connaître la fin! 
Le problème avant tout c'est le personnage principal. N'est pas enquêteur qui veut! Geoffrey Staddon est un piètre détective. Il s'y prend très maladroitement, se fait toujours humilier alors même qu'il croit avoir les cartes en main. Il se fait même arnaquer. A la moitié du livre, nous ne sommes toujours pas plus avancé et j'ai trouvé ça très long. Je passe l'histoire de la rupture par lettre interposée qui n'est effectivement pas très classe, mais c'est surtout ses interminables lamentations qui ont fini par m'horripiler. Les remords qu'il éprouve sur ses actes passés donnent lieu à d'interminables chapitres et desservent l'ensemble du roman.

C'est ma première rencontre avec cet auteur britannique et je n'ai pas été convaincue. Dommage!




vendredi 28 avril 2017

Soudain, seuls - Isabelle Autissier




Quelques infos:


Edition: Stock
Date de 1ère parution: Mai 2015
Pages: 252

Mon avis:


J'ai eu la surprise de découvrir que la célèbre navigatrice Isabelle Autissier était également écrivain en tombant par hasard sur un de ses livres à la bibliothèque. J'avais été charmée par son roman L'amant de Patagonie. Je n'ai pas hésité lorsque j'ai trouvé dans cette même bibliothèque son dernier ouvrage, Soudain, seuls.

Louise et Ludovic, un couple de trentenaires, embarquent pour un tour du monde à bord d'un voilier. Le voyage se passe sans encombre jusqu'au jour où ils accostent sur île perdue au large de la Patagonie, ancienne base baleinière désormais habitée par les manchots et les otaries. Alors qu'ils partent faire une randonnée dans l'île, ils sont pris dans une tempête et leur bateau sombre. Les voilà seuls, sans aucune autre ressource que ce que peut leur offrir ce milieu hostile et sans que personne ne sache où ils sont.

L'auteur nous parle des efforts menés par les deux personnages pour survivre dans cette nature sauvage.  Ils s'organisent et s'astreignent à un planning quotidien de chasse, d'exercices physiques, d'amélioration de leur abri... En se rattachant à l'espoir d'être secouru, à leur souvenir de leur vie d'avant, ils essayent de maintenir une unité, un semblant de vie normale pour ne pas se laisser gagner par le désespoir et sombrer dans la folie.

"L'examen de conscience, la fierté du travail accompli, les efforts justifient leur humanité, les distinguent des animaux simples prédateurs, les éloigne de cette vie des cavernes qu'ils ont quelque fois l'impression de mener. Singer la société, c'est encore y appartenir"

Mais pour Louise et Ludovic chaque geste du quotidien, tels que se laver, se chauffer, manger... est une épreuve. Leurs difficultés poussent le lecteur à s'interroger sur notre monde moderne, si éloigné de la nature, où la technologie nous rend dépendant et maladroit.

"Sont-ils, eux, moins doués que ces peuples primitifs? Sans doute, car les bienfaits de leur civilisation développée les ont coupés de cette compréhension millénaire de la nature, de ces connaissances ancestrales qui permettaient aux hommes de vivre de rien. En se civilisant, ils ont gagné en confort et en longévité, mais cette sophistication leur a fait oublier quelques fondamentaux de la vie, et voilà qu'ils se retrouvent aujourd'hui sans ressources."


Au delà de ces difficultés quotidiennes, Isabelle Autissier s'attache également à nous décrire leur relation, la façon dont leur couple est mis à l'épreuve par cet événement extrême, où leur amour est confronté à leur propre instinct de survie. Les rancœurs apparaissent, les désaccords également.

"Ils ne sont pas seulement abandonnés sans feu ni lieu, ils sont condamnés l'un avec l'autre, ou l'un contre l'autre. Quel couple résisterait à ce genre d'enfermement?"

Jusqu'au moment où, après des mois de lutte, apparaît le moment décisif, celui qui ne permettra pas de revenir en arrière. Malgré tous leurs efforts, nous assistons à leur progressif retour à l'état sauvage.

"La voilà, la confrontation primitive avec la vie, celle qui pousse à agir au-delà de tout code et de toute règle, et même au-delà de ses propres sentiments."

La seconde partie du roman est consacrée aux médias, lorsque l'aventure des deux protagonistes est rapportée au grand public, friands d'histoires sensationnelles alors même que la mésaventure de Louise et Ludovic est particulièrement cruelle.

J'ai aimé les personnages, avec une nette préférence pour Louise, faible en apparence mais dont le courage, l'obstination et l'intelligence la porteront tout au long de cette épreuve.
Le style de l'auteur est direct, sans fioriture, chaque mot soigneusement choisi. Le texte gagne en justesse sans perdre en poésie. Isabelle Autissier est incontestablement une admirable conteuse.

Cette histoire tragique nous invite à la réflexion sur nos rapports avec la nature et à plus d'humilité face aux éléments. Absolument passionnant!

"Arrivés au premier ressaut, avant de perdre la mer du vue, ils font un autre pause. C'est si simple, si beau, quasi indicible. La baie encerclée de tombants noirâtres, l'eau qui scintille comme de l'argent brassé sous la légère brise qui se lève, la tache orangée de la vieille station et le bateau, leur brave bateau qui semble dormir, les ailes repliées, pareil aux albatros du matin. Au large, des mastodontes immobiles, blanc-bleu, luisent dans la lumière. Rien n'est plus paisible qu'un iceberg par temps calme. Le ciel se zèbre d'immenses griffures, nuages sans ombre de haute altitude que le soleil ourle d'or."


vendredi 21 avril 2017

Quoi qu'il arrive - Laura Barnett



Quelques infos:


Edition: Les escales
Date de 1ère parution: Avril 2016
Pages: 464

Mon avis:


Éva et Jim se rencontrent en 1958 alors qu'ils n'étaient qu'étudiants. De cette rencontre, l'auteur décline trois versions différentes de leur histoire. Dans l'une d'entre elle, Eva épouse Jim, dans la deuxième, elle passe son chemin et épouse son petit ami du moment et dans la troisième, elle sort avec Jim mais finit par le quitter. Nous les suivrons tout au long de leurs vies possibles, où le destin semble à jamais vouloir les lier.

Le synopsis m'a tout de suite attiré. Qui ne s'est jamais posé la question: ai-je pris la bonne décision? Quelle aurait été ma vie si j'avais fait ce choix ?
Ici, cette question s'étire tout au long des chapitres où nous suivons les trois versions différentes de la vie de Jim et d’Éva. L'accent est mis sur ces instants où l'on doit faire un choix et où la vie aurait pu basculer. 

"Parfois, il imaginait qu'à la fin de sa vie on lui montrerait un film amateur de toutes les routes qu'il n'avait pas prises, et où elles l'auraient mené"


Du fait, la narration peut paraître déroutante, ce n'est pas un livre à lire en dilettante, vous aurez besoin de toute votre attention pour suivre les trois versions où l'on peut vite s’emmêler les pinceaux, notamment avec l'entourage des deux personnages principaux. Néanmoins c'est suffisamment bien écrit pour qu'à chaque chapitre, le lecteur puisse retrouver vite ses repères et je me suis vraiment laissée prendre au jeu de ce roman atypique.

Dans ces trois versions de leur histoire, aucune n'est meilleure qu'une autre, chacune apportera son lot de réussite ou d'échec, des moments de joie ou de deuil. Ce n'est pas un roman à l'eau de rose où l'amour triomphe de tout. Ici, Laura Barnett nous dépeint des tranches de vie bien réelles: Jim et Eva font des erreurs, ont des défauts, les sentiments sont mis à l'épreuve du temps... 

"C'est ça la vie de couple, non? Prendre les roses avec les épines"

Ces événements façonneront leur caractère, joueront sur leurs carrières respectives et seront à l'origine de leur rapprochement ou de leur éloignement.

Ce qui m'a marqué dans cette lecture, c'est la foi inébranlable que l'auteur a dans le destin. Car, à partir de l'instant où ils se sont croisés sur cette route, leurs vies seront liées et quoi qu'il arrive, ils se retrouveront, de manière différente certes, pas forcément comme on l'aurait souhaité mais ils auront un temps pour vivre leur amour.

J'ai aimé les voir vieillir, s'assagir et mûrir. Dans chaque version, ils admettent leurs erreurs et avancent malgré les désillusions.

"(...) il est assez vieux maintenant pour prendre le bonheur tel qu'il est: bref et volatil, non un état vers lequel tendre, qu'il faut rechercher pour s'y installer, mais qu'il faut saisir au vol et retenir le plus longtemps possible."


C'est un roman bouleversant, qui remue en nous bon nombre de réflexions sans pour autant nous plonger dans les regrets. Il est à découvrir pour la qualité de sa construction et l'optimisme qui s'en dégage.

"Il est allé contre la loi naturelle des choses, cette loi qui affirme que l'occasion d'atteindre le bonheur ne se présente qu'une seule fois, avec une seule personne, et que si on la laisse passer, elle ne se représente jamais."

Nb: La quatrième de couverture évoque un roman jubilatoire, parle de comédie romantique. C'est absolument émouvant, mais drôle, pas vraiment!



mercredi 19 avril 2017

La vérité sur l'affaire Harry Québert - Joël Dicker



Quelques infos:


Edition: De Fallois
Date de 1ère parution: 2012
Pages: 857


Mon avis:


Marcus Goldman est un écrivain à succès victime du syndrome de la page blanche. Espérant retrouver l'inspiration, il rend visite à son mentor et ami Harry Québert, un auteur reconnu. Mais lorsque celui-ci est pris dans la tourmente d'une affaire criminelle vieille de 33 ans, il décide de mener l'enquête afin de découvrir la vérité et de laver le nom de Harry Québert.

Ne soyez pas effrayés par l'épaisseur de ce roman: les 857 pages se tournent toutes seules. Je me suis sentie happée dès les premiers chapitres. 
Le narrateur Marcus Goldman est un personnage intéressant. Très lucide sur ses actes et sa personnalité, ses défauts et ses doutes le rendent très humain. Avec humour et ténacité, il arrive à ses fins et il forme une belle équipe avec le sergent Gahalowood au caractère bourru mais sympathique. D'autres personnages sont remarquables, notamment l'éditeur et la maman de Marcus, certes un peu caricaturaux mais dont les réflexions donnent aux dialogues une touche comique bienvenue.

Le seul point qui m'a particulièrement agacé, c'est la faiblesse des échanges amoureux. Toute l'intrigue est basée sur l'histoire d'amour vécue pendant l'été 1975, entre Harry, alors âgé de 34 ans, et Nola, une jeune fille de quinze ans. Et lorsque je lis qu'un trentenaire noircit des pages et des pages du prénom de son amoureuse, je n'y crois pas du tout! L'expression des sentiments est vraiment pauvre et mièvre. 
Je n'ai pas non plu été convaincue par la plongée dans le monde des écrivains et la description du processus de création dépeinte dans les conseils donnés par Harry à chaque début de chapitre. J'ai les ai trouvé assez convenus et il n'y a pas là de quoi stimuler l'imagination d'un écrivain.

Heureusement, Joël Dicker est bien meilleur pour distiller le suspense que pour parler d'amour. L'intrigue est vraiment bien ficelée et je n'ai eu qu'une envie, c'est de savoir ce qui s'est passé durant l'été 1975. Dans cette galerie de personnages, j'ai cherché le coupable et je n'ai pas vu venir la révélation finale. Les multiples rebondissements et les fausses pistes m'ont vraiment captivés et m'ont fait oublier le reste.

C'est au final ce que je retiendrais de ce livre, dévoré en trois jours. Malgré l'insipidité des dialogues, j'ai vraiment apprécié le personnage principal et l'intrigue qui m'a tenu en haleine du début jusqu'à la fin.





vendredi 14 avril 2017

La petite Fadette - George Sand



Quelques infos:


Edition: Folio Classique
Date de 1ère parution: 1849
Pages: 280


Mon avis:


Landry et Sylvinet sont deux frères jumeaux qui ont grandi dans une ferme du Berry. Liés par un amour fraternel très fort, ils n'ont jamais été séparés. Mais alors qu'ils viennent d'avoir quinze ans, Landry doit aller travailler à ferme voisine. C'est un déchirement pour Sylvinet d'autant que son frère, sans pour autant perdre son amour fraternel, semble bien s'accommoder de la situation. 
Lorsque Landry s'entiche de la petite Fadette, une jeune fille dont l'allure et les propos lui valent une réputation de sorcière auprès des paysans du coin, Sylvinet voit rouge. 
Les deux amoureux parviendront-ils à s'affranchir des préjugés de leur entourage et vivre leur amour au grand jour? Landry devra-t-il choisir entre l'amour de son frère et celui de la petite Fadette?

Voici dont le récit non pas d'une mais de deux histoires d'amour: celle de Landry et de Fadette et celle de Sylvinet pour son frère. Si dans la première, les sentiments sont lumineux et permettent à Landry de s'affirmer et à la Fadette de sortir de sa condition, dans la seconde, les sentiments qu'éprouvent Sylvinet sont nocifs pour les deux frères. Ils rendent malade l'un et enchaînent l'autre. C'est une véritable tempête intérieure qui balaye le cœur du malheureux Sylvinet qui tombera dans la mélancolie malgré les efforts de Landry pour conserver le lien.

Finalement, c'est l'arrivée de la petite Fadette qui coupera le cordon entre les deux frères. Sylvinet se moque et rejette cette petite souillon. Landry, lorsque la Fadette le tire d'un mauvais pas, découvre que cette petite gamine mal fagottée cache en réalité une personnalité en or et en tombera amoureux. 
Nous assisterons à la transformation de ce vilain petit canard. C'est une jeune fille pauvre qui a la langue bien pendue et un talent de guérisseuse. Sa famille a mauvaise réputation et elle est rejetée et moquée par les gens.

"Il est vrai que le bon Dieu m'a faite curieuse, si c'est l'être que de désirer connaître les choses cachées. Mais si on avait été bon et humain envers moi, je n'aurais pas songé à contenter ma curiosité aux dépens du prochain. J'aurais renfermé mon amusement dans la connaissance des secrets que m'enseigne ma grand mère pour la guérison du corps humain. Les fleurs, les herbes, les pierres, les mouches, tous les secrets de la nature, il y en aurait bien assez pour m'occuper et pour me divertir, moi qui aime à vaguer et à fureter partout. (...) Eh bien, au lieu d'être remerciée, honnêtement par tous les enfants de mon âge dont je guérissais les blessures et les maladies, et à qui j'enseignais mes remèdes sans demander jamais de récompense, j'ai été traitée de sorcière, et ceux qui venaient bien doucement me prier quand ils avaient besoin de moi, me disaient plus tard des sottises à la première occasion. (...) Quand à ne prendre soin ni de ma personne ni de mes manières, cela devrait montrer que je ne suis pas assez folle pour me croire belle, lorsque je sais que je suis si laide que personne ne peut me regarder. On me l'a dit assez souvent pour que je le sache; et, en voyant combien les gens sont durs et méprisants pour ceux que le bon Dieu a mal partagés, je me suis fait un plaisir de leur déplaire, me consolant par l'idée que ma figure n'avait rien de repoussant pour le bon Dieu et pour mon ange gardien, lesquels ne me la reprocheraient pas que je ne la reproche moi même."

Je la trouve particulièrement touchante dans sa façon de se raconter sans jamais se plaindre. Par amour, elle cherchera à s'améliorer, soignera son apparence et se donnera les moyens de sortir de sa condition sans pour autant changer sa nature profonde.

Enfin, ce livre nous décrit le monde rural du 19e siècle. George Sand met en relief les mœurs et les croyances de l'époque souvent teintées de méfiance et d'ignorance. Elle y fait remarquer l'hypocrisie et y défend cette petite Fadette victime des peurs collectives.

L'écriture est au départ un peu déroutante. C'est en lisant les notes à la fin du livre que j'ai compris que c'était un effet voulu par l'auteur qui utilise volontairement un vocabulaire et des tournures de phrases qui reproduisent le parler paysan. Je me suis laissée prendre au jeu et du fait je me suis sentie complètement immergée dans ce monde champêtre avec l'impression d'écouter​ une jolie fable assise au coin de l'âtre d'une ferme Berrichonne.

La lecture de ce classique de la littérature française m'a vraiment enchantée, il transmet de belles valeurs et j'ai été touchée par les talents de conteuse de George Sand.




Challenge des douze thèmes : lire un classique de la littérature française ou internationale

mercredi 12 avril 2017

Je t'aime - He Zhihong et Guillaume Olive

C'est en flânant chez mon libraire préféré que je suis tombée sur cette petite pépite: "Je t'aime" paru aux éditions Seuil Jeunesse. La Crevette est également sous le charme et elle me le propose régulièrement en lecture du soir.

                                                                                                                                                                                                               
Une maman berce son bébé et lui dit "Je t'aime". Mais que cela veut-il dire? Parti au pays des rêves, le bébé va interroger les différents animaux.
 Chacun lui apportera sa définition.... et au terme de ce voyage, le bébé sera amené à trouver sa propre réponse, blotti dans les bras de sa maman.




J'ai adoré les illustrations. Admirez ce bébé dont la douceur des traits est mise en valeur par l'utilisation de l'aquarelle. C'est tout simplement beau!





Le texte est simple et poétique, les réponses des animaux sont touchantes. Ils ont une belle façon de parler d'amour. Pour les grenouilles, c'est comme les fleurs qui s'ouvrent, pour le moineau c'est comme la rosée du matin, pour le chat c'est comme une pelote de laine....






Voilà un magnifique album qui vous enveloppera vous et votre enfant  dans un monde de douceur et de tendresse.
Dès 3 ans selon l'éditeur, mais à mon avis, il n'est jamais trop tôt pour parler d'amour, on peut le lire bien avant.

Voici ma seizième participation au rendez-vous Chut les enfants lisent du blog Devine qui vient bloguer