lundi 24 octobre 2016

Dans les prairies étoilées - Marie-Sabine Roger



Quatrième de couverture:



L'artiste (moi), l'air inspiré et la mèche en bataille, un muscat frais à point à portée de la main, dessine sur les arbres, en marcel à trous- trous, pour mettre en valeur ses pectoraux d'aquarelliste. En fond de décor, Prune, en petit short blanc et lunettes de soleil, répond aux critiques d'art venu par cars entiers et massés derrière le portail, qui tentent d'apercevoir l'artiste (moi), et de saisir la portée universelle de cette création en train de naître, là-bas, sous les yeux ébahis et son trait magistral.

Prune et Merlin ont quitté la vie citadine pour une vieille ferme pleine de promesses et de travaux à faire, perdue dans la campagne. Auteur de bande dessinée et aquarelliste animalier, Merlin pense accéder enfin au bonheur absolu. Mais la vie ouvre soudain un de ces chapitres sombres. Son meilleur pote, celui qui lui a inspiré son héros préféré et lui a apporté la gloire...
Que va devenir l'univers de Merlin ? Marie-Sabine Roger donne naissance à une tribu de personnages attachants inattendus, et nous entraîne à sa suite dans l'imaginaire d'un artiste aux prises avec sa création.

Quelques infos:


Date de parution: 04/05/2016
Editeurs: Le Rouergue
Pages: 302

Pourquoi j'ai choisi ce livre:


Paru au printemps 2016, il s'agit du dernier roman de mon auteur fétiche! Je n'ai même pas eu besoin de lire le résumé, je me suis plongée immédiatement dans sa lecture.

Mon avis:



J'ai retrouvé avec bonheur la plume admirable de Marie-Sabine Roger. Plongé dans les pensées de Merlin c'est à travers ses yeux que nous faisons connaissance avec sa vie, son oeuvre, sa Prune, sa ferme, son meilleur pote, ses chats et toute une galerie de personnages secondaires (mention spéciale à Tante Foune qu'on adore détester et Cirrhose, une chatte furieuse en qui j'ai cru reconnaître une certaine Môminette!) 
Comme d'habitude, avec son écriture drôle et son sens de la formule, Marie-Sabine Roger aborde avec sincérité des thèmes tels que l'amitié, la mort, l'art...

Sa plume se fait tendre pour parler d'amour...

Depuis que je la connais, je n'ai cessé d'être amoureux fou d'elle, et je crois bien que ça s'aggrave, comme tout affection de très longue durée. J'ai posé sa main à sa place dédiée, au milieu de sa cuisse mince. C'est une geste qui me rassure, qui me fait me sentir vivant. Elle a souri, en posant sa main sur la mienne.

ou pudique quand elle parle du deuil...

L'ami qui part, ou l'amant, ou l'enfant, c'est toute une saison de la vie qui s'achève, et jamais plus ne reviendra. Il nous faut accepter ces puits creusés à vif dans la chair des mémoires, nous asseoir sur le bord un instant et pleurer, puis repartir, et laisser derrière nous des paysages effacés à jamais et qui ne vivront plus que dans nos souvenirs.

Sa faculté à trouver les mots justes pour exprimer des ressentis, des situations déjà vécues m'émeut ou me fait sourire à chaque fois, c'est selon.... 

Ce n'est pas l'ampleur des dégâts qui fait l'étendue de la peine. J'en ai connu qui pensaient au suicide après avoir perdu un album de photos. Mais le plus étrange, c'est que l'épreuve surgit souvent à l'instant même où le bonheur semblait acquis. Avec une précision de frappe chirurgicale.

J'ai donc retrouvé ici tout ce que j'aime dans l'écriture de Marie-Sabine Roger. Mais plus encore, j'ai découvert un univers. Elle aborde ici le thème de la création artistique et de cette relation particulière qui unit un auteur et son public. J'ai aimé voir Merlin réfléchir, hésiter, dessiner, raturer, s’enthousiasmer sur sa planche à dessin et assister à la naissance de son oeuvre. 

J'ai refermé ce livre avec un doux plaisir mélancolique de devoir quitter ces personnages si attachants. 

 Ces gens-là sans qui, nous, lecteurs, ne serions pas ce que nous sommes. Moins de rêves en nous, moins de lieux visités, moins de voix chuchotant la vie à nos oreilles. Gamins à qui personne ne viendrait raconter des histoires, jamais, et qui auraient perdu leurs yeux émerveillés.


Encore quelques jolies phrases:


Les femmes ont une force que nous sommes loin d'avoir, Merlin. Mais tout le mérite nous en revient: grâce à nous, elles sont des siècles d'apprentissage derrière elles. Des siècles d'esclavage, de soumission, de tartes dans la gueule. Et malgré tout, elles vivent, elles survivent, elles se battent. Elle se marrent. Et à la fin de leur vie, elles ne chialent pas sur elles-mêmes, comme je suis en train de le faire. On est vraiment des amateurs à côté d'elles.

Prune est persuadée que le temps est un allié. Elle croit qu'en s'écoulant, il arrange les choses. Tout devrait lui prouver le contraire, à commencer par nous pauvres humains. Nous vieillissons. Nous finissons. Et les étoiles meurent. Les montagnes s'érodent. Les fleuves se tarissent. 
Mais j'ai beau lui énumérer tout ce que le temps détruit, elle m'opposera que le printemps revient, que les arbres refleurissent, et que nous nous sommes rencontrés au mitan de nos vies.
La peste soit des gens qui voient la vie en rose.


Quand on a de la merde dans les yeux, on se croit entouré d'étrons.



Il y en aurait tant d'autres, mais il me faudrait pour cela taper la quasi totalité du roman....




Challenge Coupe des 4 maisons: Dragées surprise, un livre dont vous n'avez pas lu le résumé, 20 points



jeudi 20 octobre 2016

Écoutez nos défaites - Laurent Gaudé




Quatrième de couverture:



Il a mené de opérations pour les renseignements français de Bamako à Genève, de Beyrouth à Tanger. Il a vu des régimes tomber, des peuples se relever, des hommes mourir. Aujourd'hui, Assem Graïeb est fatigué. La mission qu'il accepte est peut-être la dernière: retrouver un ancien membre des commandos d'élite américains soupçonné de divers trafics. A Zurich, Assem croise Mariam, une archéologue irakienne qui tente de sauver des œuvres d'art dans la zone dévastée du Moyen-Orient. En une nuit, tous deux partagent bien plus que quelques heures d'amour.
En contrepoint de cette rencontre, le récit fait retentir le chant de trois héros glorieux: le général Grant écrasant les confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Selassié se dressant contre l'envahisseur fasciste. Mais quand une bataille se gagne au prix de vie fauchées, de corps suppliciés, de terres éventrées, comment prétendre qu'il s'agit d'une victoire?
Évocation tremblée d'un monde contemporain insondable, Ecoutez nos défaites compose une épopée mélancolique et inquiète qui constate la folie des hommes et célèbre l'émotion, l'art, la beauté - seuls remèdes à la tentation de la capitulation face au temps qui passe.

Quelques infos:


Date de parution: 17/08/2016
Editeurs: Acte Sud
Pages: 288


Pourquoi j'ai choisi ce livre:


Roman de la rentrée 2016, il rencontre un beau succès sur la blogosphère littéraire. J'ai eu l'occasion de le trouver à la bibliothèque et je me suis plongée dans sa lecture.


Mon avis:



Voilà l'histoire de six personnes: trois personnages fictifs, trois personnages historiques. Leur point commun: il se battent, contre un envahisseur, un empire, une maladie ou l'ennemi public numéro un. L'Histoire en fera des vainqueurs ou des vaincus mais sur le moment, tous semblent dépassés par les événements auxquels ils contribuent.

Nous plongeons dans les réflexions intimes de personnages historiques ou d'agents secrets, ces faiseurs d'Histoire qui, sous la plume de Laurent Gaudé, deviennent des êtres humains à part entière. Ils veulent gagner leur bataille mais ils ont pleine conscience de l'absurdité de la guerre. Aucun livre d'histoire ne nous a fait imaginer le général Grant en train de décompter le nombre de soldats tués en une heure, ni Hannibal retourner sur le champ de bataille pour constater le carnage: 45 000 morts.
45 000 !!!!! Inimaginable!
Et cela se répète inlassablement.... De quoi cultiver ma misanthropie!


"Mais où est la victoire quand tout continue sans cesse? Y en a t'il eu une seule dans toute sa vie d'opérations? Une victoire qui clôturera vraiment un état de guerre, et construirait la paix?"

Cette question est le fil conducteur de ce roman à la construction originale. Au sein d'un même chapitre, on saute d'une histoire à une autre sans transition aucune. Les repères temporels sont abolis, une façon peut-être pour l'auteur de démontrer que peu importe les époques, de l'Antiquité à nos jours, l'histoire se répète.

"Les siècles ont passé. Les historiens ont écrit, encore et encore, sur chaque massacre, chaque génocide, chaque convulsion de l'Histoire. "Plus jamais cela". Chaque génération a prononcé cette phrase. Est-ce que l'Histoire ne sert à rien?"

Cette construction m'a clairement déstabilisée lors du premier chapitre notamment. Puis les transitions se font, chaque passage en prolonge un autre. J'ai fini par m'habituer à cet effet de style qui donne un rythme à l'histoire qui en a bien besoin.

Chaque personnage en arrive à la même conclusion qui s'étire au fil des chapitres.

"Au départ déjà, il y a la certitude qu'il n'y aura aucune victoire pleine et joyeuse."

Le vainqueur sacrifie dans sa victoire une partie de lui même. Et après, que reste-t'il? C'est Mariam, l'archéologue, personnage un peu à part qui nous apporte une réponse et souffle un vent d'espoir sur le récit.

"Nous avons lu de la poésie depuis trop longtemps, nous avons admiré des mosaïques depuis trop longtemps, il ne peut y avoir de renoncement. D'Alexandrie à Bagdad. De Tunis à Palmyre, elle va poursuivre jusqu'à l'épuisement mais qu'importe puisqu'il ne peut y avoir de défaite."

"(...) rien ne tremble parce que ces lieux ont vécu la chute de civilisations, l'oubli, la solitude du temps, mais qu'ils sont encore là, malgré tout, et nous regardent.

L'art, qui permet de retrouver en nous une part d'humanité.
Il ne nous reste plus qu'à espérer que l'homme finisse par entendre ces personnages historiques qui nous supplient d'écouter leur défaites pour que l'Histoire cesse de se répéter.

C'est donc un roman à part dont je ne sais s'il m'a plu ou pas mais qui ne m'a pas laissée indifférente.
Tout en reconnaissant la qualité d'écriture et l'érudition de l'auteur, je me suis ennuyée. De manière différente certes mais tous les personnages ressentent la même chose: la victoire se construit de défaites. J'ai eu l'impression de tourner en rond. Cette redondance a fini par me lasser et il me manquait de vivre une aventure avec ces personnages.



Challenge Coupe des 4 maisons: Chicaneur, un livre sorti il y a moins de 3 mois, 10 points

vendredi 14 octobre 2016

Un jour mon prince viendra....(ou pas!) - Sandra Nelson, Rémi Saillard







Attendre le prince charmant.... Quel ennui! La princesse en a assez.
Elle interpelle le premier qui passe près du château mais son programme ne lui convient pas. Faire les courses et s'occuper des enfants?! Il n'est est pas question!
Cette histoire du prince charmant ne lui plait plus du tout.
Elle préfère partir à l'aventure!

Pourquoi cet album est un vrai coup de cœur!


Présenté par Yolina lors du rendez-vous Chut les enfants lisent..., je l'ai immédiatement commandé pour Ma Crevette! Qu'importe si elle est encore trop jeune pour tout comprendre, cet album devrait être lu par toutes les petites filles et le petits garçons.

Il était une fois une princesse qui attendait son prince charmant.



Le jour où enfin elle le rencontre, c'est une grande déception! Beaucoup moins charmant que son titre ne le laissait entendre, il lui demande de rester à la maison pour s'occuper des enfants et de sa mère!




Très peu pour elle! Et voilà notre princesse qui part à l'aventure!

Bien loin des contes traditionnels, cette histoire résolument féministe aux illustrations colorées et sympathiques dépoussière les histoires de princesses! 
Ici notre princesse ne se fait pas avoir par des pommes empoisonnées, elle combat des dragons et des loups, prend les choses en main et mène la vie qu'elle a choisi.




Un texte dynamique et humoristique bien soutenu par des illustrations tout aussi drôles, ce conte de fées moderne réjouira les petits et les grands lecteurs! Et ma Crevette me le propose souvent à la lecture, je suis ravie!



mercredi 12 octobre 2016

Le liseur du 6H27 - Jean-Paul Didierlaurent



Quatrième de couverture:


"Voilà, on voulait vous dire, on aime bien ce que vous faites. Ça nous fait drôlement du bien. Ça va faire bientôt un an que Josette et moi, on vient vous écouter tous les lundis et jeudis matin."

Sur le chemin du travail, Guylain lit aux passagers du RER de 6H27 quelques pages rescapées de livre voués à la destruction. Ce curieux passe-temps va l'amener à faire la connaissance de personnages hauts en couleur qui cherchent, eux aussi, à réinventer leur vie.

Pourquoi j'ai choisi ce livre:


Pour sa couverture: ces quinze petits poissons alignés, tous semblables, sauf un, qui nage à contre-courant. Après avoir lu le livre, je l'aime d'autant plus car elle colle parfaitement au récit.

Pourquoi j'ai aimé ce livre:


Guylain, trentenaire, mène une existence assez fade dans son petit studio où il a pour seul compagnie, un poisson rouge. Son boulot: faire tourner une énorme machine, la Zerstor qui détruit des livres invendus pour en faire de la pâte à papier; un crève-cœur pour cet amoureux des livres. Alors tous les jours, il sauve quelques pages qu'il lit aux passagers d'un train. Autour de lui gravitent des personnages aux petites manies parfois extravagantes: des pensionnaires de maison de retraite (ses premiers fans), le collègue qui ne s'exprime qu'en alexandrin, l'ami cul de jatte qui cherche à réunir tous les exemplaires d'un seul et même livre et cette fille, Julie, dame-pipi, à la plume délicieuse.

J'aime ces contes contemporains où les personnages agrémentent la morosité de leur quotidien de petites manies qui les rendent uniques et lumineux. 
Dommage que certains pages, très bien écrits, en côtoient d'autres beaucoup moins bons comme par exemple les pensionnaires de la maison de retraite que j'ai trouvé complètement ratés. Cela rend l'ensemble un peu inégal. Mais il s'agit d'un premier roman, j'ai senti un réel talent et certains mots ont fait mouche: la description de la Zerstor est magnifique, on est dans l'usine avec Guylain, on entend les mâchoires d'acier broyer le papier, on imagine l'odeur... Les écrits de Julie sont également très réussis.

Si cette lecture ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, elle m'a permis de découvrir un auteur dont la plume devrait me plaire et que je n'hésiterais pas à suivre dans un autre roman.


Citations:


Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l'étouffait à l’approche de l'usine.


N'oublie jamais ça petit: on est à l'édition ce que le trou du cul est à la digestion, rien d'autre!


Avoir pour confident un poisson rouge impliquait de ne rien attendre d'autre de lui que cette écoute passive et silencieuse, même s'il croyait parfois déceler dans le filet de bulles qui sortait de sa gueule un début de réponse à son questionnement.


Il a fallu que je me rende rapidement à l'évidence que les gens n'attendent en général qu'une seule chose de vous: que vous leur renvoyiez l'image de ce qu'ils veulent que vous soyez




Challenge Coupe des 4 maisons: Craches-limaces, livre avec un animal sur la couverture, 25 points



mercredi 5 octobre 2016

Le livre de la jungle très jungle - Josef Anton et Lucie Brunellière






Dans le petit matin de la jungle très jungle, tous les animaux se réveillent doucement. il y a Balthazar le panda qui dort encore un peu, Morgan le paresseux qui paresse, Hannah la gazelle qui sourit. Et puis il y a Robert le toucan, Riquette la chenille, Boum le gorille...
Viens, et plonge avec eux au cœur de cette forêt joyeuse et fascinante!


Cet album m'a été proposé dans la librairie jeunesse de ma ville, et j'ai tout de suite accroché. 
Quelle explosion de couleurs, c'est vraiment magnifique! La couverture est sublime, avec un vernis qui recouvre les illustrations les rendant brillantes et attirant les yeux de nos petits lecteurs.




Les auteurs nous embarquent dans une jungle luxuriante à la recherche d'animaux cachés. en différents lieux, à différents moments de la journée. Chaque page est représentée pour une couleur dominante.




 Si certains animaux sont bien visibles, je vous mets au défi de trouver du premier coup la petite fourmi rouge! Sur chaque page, un rabat cache un animal et nous détaille tous les animaux présents, qui ont tous un petit nom. C'est amusant et ludique pour les enfants et les parents.





J'ai un vrai coup de cœur pour cet album, d'autant que je pense qu'il pourra occuper Ma Crevette pendant des années!

Voici donc ma neuvième participation au rendez-vous hebdomadaire Chut les enfants lisent du blog Devine qui vient bloguer !



mardi 4 octobre 2016

Ma cousine Rachel - Daphné du Maurier


Quatrième de couverture:


Philip, sans la connaître, déteste cette femme que son cousin Ambroise, avec lequel il a toujours vécu étroitement uni dans leur beau domaine de Cornouailles, a épousée soudainement pendant un séjour en Italie.
Quand Ambroise lui écrira qu'il soupçonne sa femme de vouloir l'empoisonner, il le croira d'emblée. Ambroise mort, il jure de le venger.
Sa cousine, cependant, n'a rien de la femme qu'imagine Philip. Il ne tarde pas à s'éprendre d'elle, à bâtir follement un plan d'avenir pour finir par buter sur une réalité de cauchemar.


Pourquoi j'ai choisi ce livre:


C'est dans le cadre d'une lecture commune sur le forum de Livraddict qu'il m'a été proposé de découvrir une nouvelle oeuvre de cette auteure que j'apprécie de plus en plus.

Pourquoi j'ai bien aimé cette lecture:


Dans un premier temps, l'intrigue se concentre sur la relation entre Philip et Ambroise, une relation père-fils. Orphelin, Philip a été recueilli par Ambroise, cousin qu'il vénère, un modèle pour lui. 
Il grandit alors dans un milieu campagnard, exclusivement masculin, qui lui forge un caractère rustre, entier. Philip semble maladroit dans ses rapports aux autres et surtout dans ses rapports avec les femmes. Lorsque, pour des raisons de santé, Ambroise s'éloigne pour un temps d'Angleterre, Philip se charge de la gestion du domaine. Son existence est alors bouleversée par l'annonce du mariage d'Ambroise qui a rencontré en Italie une cousine de la famille, Rachel. Rapidement, les courriers d'Ambroise prennent un tour inquiétant, sa santé se détériore. Il soupçonne sa femme de vouloir l'empoisonner et appelle Philip à l'aide. Mais celui-ci arrive trop tard en Italie, son cousin est décédé et enterré, sa veuve disparue.

Il rentre le cœur lourd en Angleterre pour annoncer à son entourage la triste nouvelle. C'est alors que la veuve Rachel se manifeste afin de lui confier les affaires de son cousin.
La soupçonnant d'être responsable de la mort d'Ambroise, il lui réserve un accueil des plus glacial.
Mais Rachel n'est pas celle qu'il imaginait. Charmante et vive d'esprit, elle semble bien affectée par la mort de son mari et on lui donnerait le Bon Dieu sans confession.

Le lecteur, plongé dans l'esprit de Philip, suit ce bouleversement de sentiments, de l'hostilité à l'amour. Jamais nous ne serons dans les pensées de Rachel ce qui jette le trouble sur sa vraie personnalité: ange ou démon?
J'ai trouvé qu'elle était la version 19e siècle du manipulateur pervers narcissique. Elle souffle le chaud et le froid avec un air de ne pas y toucher et finit toujours par obtenir ce qu'elle veut. Elle fait ressortir le côté sombre de Philip et fait naître en lui des sentiments extrêmes tels que la violence.
Philip a un côté misogyne et entêté qui est parfois agaçant. Je l'ai trouvé malgré tout sympathique, j'ai eu de l'empathie pour lui, car il assume ses faiblesses et ne se cherche aucune excuse. Il est bouleversé par l'apparition d'un sentiment nouveau pour lui: l'amour dont il ignore tout et qui lui fait commettre bien des folies.
J'ai aimé les personnages secondaires, notamment M. Kendall, le parrain de Philip, et sa fille Louise. D'un soutien sans faille ce sont les seuls qui tentent de lui ouvrir les yeux sur Rachel.

La fin m'a en revanche un peu déçue, très abrupte. Elle m'a laissé un profond sentiment de tristesse sur le devenir de chaque personnage. Relire le premier chapitre m'a alors aidé à conclure l'histoire.

Voici le troisième livre de Daphné du Maurier que je lis cette année et cette fois encore je n'ai pas été déçue. J'y ai retrouvé tout ce que j'aime chez cette auteur: sa délicieuse écriture au charme suranné, sa fine analyse des rapports humains et ses magnifiques description de la campagne anglaise.




Challenge Coupe des 4 maisons: Échecs version sorciers, lecture commune avec une autre personne, 25 points