mardi 29 novembre 2016

La chambre des officiers - Marc Dugain




Quatrième de couverture:


Dans les premiers jours de 1914, Adrien, jeune lieutenant du génie est fauché par un éclat d'obus. Défiguré, il est transporté au Val de Grâce où il passera le reste de la guerre dans la chambre des officiers. Au fil des amitiés qui s'y noueront, lui et ses camarades, malgré la privation brutale d'une part de leur identité, révéleront toute leur humanité.

Quelques infos:


Edition: JC Lattès
Date de parution: 2008
Pages: 180


Pourquoi ce livre:


Découvert au hasard de mes balades dans les rayonnages de la bibliothèque municipale.

Mon avis:


Comme tant de jeunes hommes mobilisés en 1914, Adrien Fournier part la fleur au fusil combattre les Allemands dans l'Est de la France. Envoyé en repérage, il est fauché par un obus dont les éclats mutileront atrocement son visage. Il est envoyé au Val de Grâce où il passera le reste de la guerre. Avec l'aide des médecins, des infirmières et de ses compagnons d'infortune, il tentera de se reconstruire un visage et un avenir.


Ceux qui vont me rejoindre auront des souvenirs de combat, de corps à corps, de grandes offensives, alors que j'ai été abattu sans avoir jamais croisé le feu, ni même le regard de l'ennemi et que je ne pourrai jamais raconter à mes enfants à quoi ressemble un Allemand. Je devrai inventer les grosses moustaches et le casque à pointe. 
En ces premiers jours de septembre, mes blessures au visage me causent moins de souffrance que cette défaite sans combat, que l'absurdité de mon sort que je n'ai ni construit, ni défendu.


En peu de mots, Marc Dugain nous raconte le destin de ces soldats qui ont sacrifié, au sens propre, une partie d'eux mêmes pour leur patrie. Sans forcément s'étendre sur les dégâts provoqués par ces blessures et les douleurs qu'ils subissent, l'auteur s'attache à nous narrer leur courage. Ces hommes, dont le visage a perdu un aspect humain, ont gardé toute leur humanité. Même si chacun devient le miroir de l'autre, ce qui est au premier abord effrayant, ils se soutiennent mutuellement. Nous assistons avec émotion à toutes leurs premières fois: premiers mots prononcés, première sortie dans la rue où les passants les regardent de travers, première retrouvaille avec leur famille... C'est une belle leçon de vie que nous découvrons ici et nous ne pouvons que nous incliner face à leur détermination à se construire un nouvel avenir. 

J'ai ensuite découvert que Marc Dugain était personnellement concerné par l'histoire de ces soldats, son grand-père ayant été une "gueule cassée". J'ai également appris qu'après la guerre, les blessures au visage n'étaient pas considérées comme une infirmité et ne donnait droit à aucune pension. Le retour à la vie civile a été particulièrement difficile pour eux.

Un livre à livre afin de connaître le sacrifice de ces hommes et de ne pas les oublier.





Citations:


S'il n'y avait pas cette foutue croyance dans la vie éternelle, disait-elle, les hommes n'iraient pas à la boucherie avec une telle conviction!

Il n'y a finalement que les morts qui puissent nous envier. Et encore, j'en doute.


Challenge Coupe des 4 maisons: Ordre de Merlin, livre ayant reçu plusieurs prix littéraires, 50 points

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