mardi 11 septembre 2018

Toute la lumière que nous ne pouvons voir - Anthony Doerr




Quelques infos:


Édition: Livre de Poche
Date de publication: 2016
Pages: 697

Mon avis:



C'est en flânant entre les rayonnages d'une librairie que j'ai été attirée par la jolie couverture représentant une vue aérienne de Saint Malo. L'autocollant "Prix des lecteurs 2017" et la lecture du résumé ont achevés de me convaincre d'acheter ce livre.

Marie-Laure est française. Orpheline de mère, elle vit seule avec son père qui travaille au Muséeum d'histoire naturelle à Paris. Devenue aveugle, elle est poussée par son père à dépasser son handicap. Ingénieux, il s'évertue à créer maquettes et autres casse tête pour que Marie Laure adapte et développe ses autres sens. Poussés par la guerre à l'exode, père et fille se réfugient à Saint Malo où s'organise la résistance.
Werner est allemand. Il vit avec sa sœur dans un orphelinat où son seul avenir est de descendre à la mine comme les autres hommes de la région. Mais c'est un enfant curieux et dégourdi qui se passionne pour les radios, qu'il répare avec ce qu'il trouve lors de ses escapades autour du pensionnat. Son talent est remarqué par un officier allemand qui le pousse à intégrer une école des Jeunesses hitlériennes. C'est ainsi qu'il se retrouve, un peu malgré lui, sur le front à rechercher des émetteurs radios clandestins.

Ce roman alterne des chapitres courts basculant d'un personnage à un autre, d'une époque à une autre. Le style est incisif, percutant. Les phrases sont courtes, fragmentées. Les ellipses font travailler l'imagination du lecteur qui en ressort tout étourdi. Nos jeunes héros auront finalement vécu le bombardement de Saint Malo de la même manière. Werner est pris au piège dans une cave effondrée, Marie-Laure est privée de sa vue, et c'est à l'aide de leurs seuls sens encore efficients qu'ils essayeront de sauver leur peau.

Malheureusement, le style de l'auteur m'a parfois gênée. Le bombardement de Saint Malo est le fil rouge du roman. On y revient sans cesse entre deux chapitres consacrés à l'enfance des deux enfants. Et il y a une telle tension dramatique pendant cet épisode que j'ai trouvé cet effet "page turner" assez insupportable et un peu artificiel.

C'est dommage car j'ai vraiment été emportée par le tragique destin de Werner et de Marie-Laure, ces deux adolescents brutalement sortis de l'enfant en ces temps de guerre. Leur extrême maturité est particulièrement touchante et ne peut laisser indifférent. Du haut de leur seize ans, ils nous donnent une belle leçon de vie.

" Quand j'ai perdu la vue, on m'a dit que j'étais courageuse. Quand mon père est parti, on m'a encore dit que j'étais courageuse. Mais ce n'est pas du courage: je n'avais pas le choix. Tous les matins, je me réveille et je vis ma vie. Pas vous?"

Il y a également toute une galerie de personnages secondaires tout aussi attachants: le père de Marie-Laure, qui s'investit avec amour dans l'éducation de sa fille handicapée, son grand-oncle, devenu un peu fou après la première guerre mondiale et qui va peu à peu sortir de sa torpeur sous l'influence de la jeune fille...
Comme à chaque roman sur le sujet, le lecteur est amené à s'interroger. Qui fait vraiment la guerre? La guerre ne provoque-t-elle pas que des victimes?

"Tu sais qu'elle est la plus grande leçon de l'histoire? C'est qu'elle est toujours écrite par les vainqueurs. La voilà la leçon. Celui qui juge, c'est le vainqueur."


Au final, voilà un énième roman sur la seconde guerre mondiale qui a le mérite de renouveler le genre. Ce livre ne peut laisser indifférent. Loin d'y trouver le chef d'oeuvre vanté par la quatrième de couverture, j'ai trouvé cette histoire passionnante mais mal desservie par le style de l'auteur.




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