Quelques infos:
Édition: Phébus
Date de 1ère publication: 1946
Pages: 360
Mon avis:
Si vous ne connaissez pas Honor Harris, je vous conseille fortement de la découvrir dans ce fabuleux roman. Nous sommes au 17e siècle. Cette jeune fille de l'aristocratie anglaise, au caractère vif et impertinent, doit se fiancer au tempétueux Colonel Richard Grenville. Mais le jour des fiançailles, un accident prive Honor de l'usage de ses jambes. Elle renonce alors à son grand amour qui repart sur les mers affronter les ennemis de l'Angleterre. Quinze ans plus tard, alors que la guerre civile fait rage entre les partisans du Parlement et les royalistes, leurs routes se croiseront de nouveau, réveillant leur folle passion.
Voilà un portrait de femme inoubliable. Malgré son infirmité, Honor est une femme libre, qui au mépris des conventions, suivra les élans de son cœur. Elle ne s’apitoie jamais sur son sort, ni sur ce qui aurait pu être, faisant preuve d'une grande lucidité sur le caractère de son amant.
"Je sus alors que nous étions liés pour toujours, que je ne pourrais jamais le renvoyer. Ses fautes étaient mes fautes, son arrogance mon fardeau, et ce qui se tenait debout devant moi, Richard Grenville, était ce que la tragédie de ma vie l'avait fait."
Le personnage de Richard Grenville est remarquable. Tout comme Honor, j'ai été séduite par son impétuosité, sa loyauté, son franc parler. La guerre et cet amour manqué le rendront vaniteux et arrogant, et parfois même cruel. Richard et Honor sont des personnages contrastés mais complémentaires. Il est d'un tempérament fougueux, alors qu'elle fait preuve d'une grande sagesse. Il est brutal, elle est la douceur incarnée. Jouant le rôle d'amante, de confidente, elle sera pour Richard un soutien indéfectible.
"S'il avait avec moi cette douceur, cette délicatesse des sentiments, comment pouvait-il se montrer si dur, si cruel, si méprisant avec les autres, envers son propre fils? Devais-je ne plus le voir jamais? Le laisser mener sa vie comme il l'avait menée jusque là? Ou bien au contraire ignorer les souffrances à venir, contraindre mon corps débile à la torture incessante de sa présence réelle, lui donner sans restriction aucune le petit bagage de sagesse que j'avais pu amasser, tout l'amour, toue la compréhension susceptibles de lui apporter un peu de paix?"
Ce lien qui les unit est bouleversant, tragique... C'est un amour qui traverse le temps, se moque des blessures. Ils forment pour moi un couple mythique.
Ce livre n'est pas seulement une histoire d'amour, c'est également un roman historique qui dépeint la guerre civile qui fit rage au 17e siècle entre les royalistes et le Parlement. Daphné Du Maurier ne nous emmène pas sur les champs de bataille, pourtant la guerre est là, en toile de fond. C'est la guerre vécue par les femmes, qui pansent les blessures, soutiennent leur soldats, vivent les privations, cachent les fuyards....
Sur ce versant là, j'ai du m'accrocher. Beaucoup de lieux, de noms qui ne m'évoquent pas grand chose. Une troisième lecture sera nécessaire pour pouvoir appréhender l'ensemble.
Comme toujours, Daphné Du Maurier m'a emmené avec elle, en Cornouailles, dressant le portrait de personnages inoubliables qui se font les témoins d'une époque tragique et peu connue du public français. C'est une lecture un peu ardue mais bouleversante.
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