mercredi 12 octobre 2016

Le liseur du 6H27 - Jean-Paul Didierlaurent



Quatrième de couverture:


"Voilà, on voulait vous dire, on aime bien ce que vous faites. Ça nous fait drôlement du bien. Ça va faire bientôt un an que Josette et moi, on vient vous écouter tous les lundis et jeudis matin."

Sur le chemin du travail, Guylain lit aux passagers du RER de 6H27 quelques pages rescapées de livre voués à la destruction. Ce curieux passe-temps va l'amener à faire la connaissance de personnages hauts en couleur qui cherchent, eux aussi, à réinventer leur vie.

Pourquoi j'ai choisi ce livre:


Pour sa couverture: ces quinze petits poissons alignés, tous semblables, sauf un, qui nage à contre-courant. Après avoir lu le livre, je l'aime d'autant plus car elle colle parfaitement au récit.

Pourquoi j'ai aimé ce livre:


Guylain, trentenaire, mène une existence assez fade dans son petit studio où il a pour seul compagnie, un poisson rouge. Son boulot: faire tourner une énorme machine, la Zerstor qui détruit des livres invendus pour en faire de la pâte à papier; un crève-cœur pour cet amoureux des livres. Alors tous les jours, il sauve quelques pages qu'il lit aux passagers d'un train. Autour de lui gravitent des personnages aux petites manies parfois extravagantes: des pensionnaires de maison de retraite (ses premiers fans), le collègue qui ne s'exprime qu'en alexandrin, l'ami cul de jatte qui cherche à réunir tous les exemplaires d'un seul et même livre et cette fille, Julie, dame-pipi, à la plume délicieuse.

J'aime ces contes contemporains où les personnages agrémentent la morosité de leur quotidien de petites manies qui les rendent uniques et lumineux. 
Dommage que certains pages, très bien écrits, en côtoient d'autres beaucoup moins bons comme par exemple les pensionnaires de la maison de retraite que j'ai trouvé complètement ratés. Cela rend l'ensemble un peu inégal. Mais il s'agit d'un premier roman, j'ai senti un réel talent et certains mots ont fait mouche: la description de la Zerstor est magnifique, on est dans l'usine avec Guylain, on entend les mâchoires d'acier broyer le papier, on imagine l'odeur... Les écrits de Julie sont également très réussis.

Si cette lecture ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, elle m'a permis de découvrir un auteur dont la plume devrait me plaire et que je n'hésiterais pas à suivre dans un autre roman.


Citations:


Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l'étouffait à l’approche de l'usine.


N'oublie jamais ça petit: on est à l'édition ce que le trou du cul est à la digestion, rien d'autre!


Avoir pour confident un poisson rouge impliquait de ne rien attendre d'autre de lui que cette écoute passive et silencieuse, même s'il croyait parfois déceler dans le filet de bulles qui sortait de sa gueule un début de réponse à son questionnement.


Il a fallu que je me rende rapidement à l'évidence que les gens n'attendent en général qu'une seule chose de vous: que vous leur renvoyiez l'image de ce qu'ils veulent que vous soyez




Challenge Coupe des 4 maisons: Craches-limaces, livre avec un animal sur la couverture, 25 points



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