Quatrième de couverture:
L'artiste (moi), l'air inspiré et la mèche en bataille, un muscat frais à point à portée de la main, dessine sur les arbres, en marcel à trous- trous, pour mettre en valeur ses pectoraux d'aquarelliste. En fond de décor, Prune, en petit short blanc et lunettes de soleil, répond aux critiques d'art venu par cars entiers et massés derrière le portail, qui tentent d'apercevoir l'artiste (moi), et de saisir la portée universelle de cette création en train de naître, là-bas, sous les yeux ébahis et son trait magistral.
Prune et Merlin ont quitté la vie citadine pour une vieille ferme pleine de promesses et de travaux à faire, perdue dans la campagne. Auteur de bande dessinée et aquarelliste animalier, Merlin pense accéder enfin au bonheur absolu. Mais la vie ouvre soudain un de ces chapitres sombres. Son meilleur pote, celui qui lui a inspiré son héros préféré et lui a apporté la gloire...
Que va devenir l'univers de Merlin ? Marie-Sabine Roger donne naissance à une tribu de personnages attachants inattendus, et nous entraîne à sa suite dans l'imaginaire d'un artiste aux prises avec sa création.
Quelques infos:
Date de parution: 04/05/2016
Editeurs: Le Rouergue
Pages: 302
Pourquoi j'ai choisi ce livre:
Paru au printemps 2016, il s'agit du dernier roman de mon auteur fétiche! Je n'ai même pas eu besoin de lire le résumé, je me suis plongée immédiatement dans sa lecture.
Mon avis:
J'ai retrouvé avec bonheur la plume admirable de Marie-Sabine Roger. Plongé dans les pensées de Merlin c'est à travers ses yeux que nous faisons connaissance avec sa vie, son oeuvre, sa Prune, sa ferme, son meilleur pote, ses chats et toute une galerie de personnages secondaires (mention spéciale à Tante Foune qu'on adore détester et Cirrhose, une chatte furieuse en qui j'ai cru reconnaître une certaine Môminette!)
Comme d'habitude, avec son écriture drôle et son sens de la formule, Marie-Sabine Roger aborde avec sincérité des thèmes tels que l'amitié, la mort, l'art...
Sa plume se fait tendre pour parler d'amour...
Depuis que je la connais, je n'ai cessé d'être amoureux fou d'elle, et je crois bien que ça s'aggrave, comme tout affection de très longue durée. J'ai posé sa main à sa place dédiée, au milieu de sa cuisse mince. C'est une geste qui me rassure, qui me fait me sentir vivant. Elle a souri, en posant sa main sur la mienne.
ou pudique quand elle parle du deuil...
L'ami qui part, ou l'amant, ou l'enfant, c'est toute une saison de la vie qui s'achève, et jamais plus ne reviendra. Il nous faut accepter ces puits creusés à vif dans la chair des mémoires, nous asseoir sur le bord un instant et pleurer, puis repartir, et laisser derrière nous des paysages effacés à jamais et qui ne vivront plus que dans nos souvenirs.
Sa faculté à trouver les mots justes pour exprimer des ressentis, des situations déjà vécues m'émeut ou me fait sourire à chaque fois, c'est selon....
Ce n'est pas l'ampleur des dégâts qui fait l'étendue de la peine. J'en ai connu qui pensaient au suicide après avoir perdu un album de photos. Mais le plus étrange, c'est que l'épreuve surgit souvent à l'instant même où le bonheur semblait acquis. Avec une précision de frappe chirurgicale.
J'ai donc retrouvé ici tout ce que j'aime dans l'écriture de Marie-Sabine Roger. Mais plus encore, j'ai découvert un univers. Elle aborde ici le thème de la création artistique et de cette relation particulière qui unit un auteur et son public. J'ai aimé voir Merlin réfléchir, hésiter, dessiner, raturer, s’enthousiasmer sur sa planche à dessin et assister à la naissance de son oeuvre.
J'ai refermé ce livre avec un doux plaisir mélancolique de devoir quitter ces personnages si attachants.
Ces gens-là sans qui, nous, lecteurs, ne serions pas ce que nous sommes. Moins de rêves en nous, moins de lieux visités, moins de voix chuchotant la vie à nos oreilles. Gamins à qui personne ne viendrait raconter des histoires, jamais, et qui auraient perdu leurs yeux émerveillés.
Encore quelques jolies phrases:
Les femmes ont une force que nous sommes loin d'avoir, Merlin. Mais tout le mérite nous en revient: grâce à nous, elles sont des siècles d'apprentissage derrière elles. Des siècles d'esclavage, de soumission, de tartes dans la gueule. Et malgré tout, elles vivent, elles survivent, elles se battent. Elle se marrent. Et à la fin de leur vie, elles ne chialent pas sur elles-mêmes, comme je suis en train de le faire. On est vraiment des amateurs à côté d'elles.
Prune est persuadée que le temps est un allié. Elle croit qu'en s'écoulant, il arrange les choses. Tout devrait lui prouver le contraire, à commencer par nous pauvres humains. Nous vieillissons. Nous finissons. Et les étoiles meurent. Les montagnes s'érodent. Les fleuves se tarissent.
Mais j'ai beau lui énumérer tout ce que le temps détruit, elle m'opposera que le printemps revient, que les arbres refleurissent, et que nous nous sommes rencontrés au mitan de nos vies.
La peste soit des gens qui voient la vie en rose.
Quand on a de la merde dans les yeux, on se croit entouré d'étrons.
Il y en aurait tant d'autres, mais il me faudrait pour cela taper la quasi totalité du roman....
Challenge Coupe des 4 maisons: Dragées surprise, un livre dont vous n'avez pas lu le résumé, 20 points
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