vendredi 21 septembre 2018

L'inconnue de Birobidjan - Marek Halter



Quelques infos:


Édition: Robert Laffont
Date de parution: 2012
Pages: 435


Mon avis:


Nous sommes en 1950, le réseau d'espionnage qui a vendu les secrets de la bombe atomique aux Russes vient d'être démantelé, les politiques cherchent à faire tomber Truman et une chasse aux sorcières est lancée. Mieux vaut ne pas avoir d'amis communistes sous peine d'avoir des comptes à rendre à la commission des activités anti-américaines dirigée par McCarthy et Nixon. C'est ainsi que Marina Andréïeva Gousseïev se retrouve accusée du meurtre d'un agent américain infiltré en territoire russe. Elle est actrice, d'origine russe, d'une beauté incroyable.

"Mais sa beauté ne devait rien aux maquilleuses de la MGM ou de la Warner. J'aurais mis ma main au feu que cette femme avait déjà du voir défiler les vérités de la vie dans son cinéma personnel."

Afin d'éviter la chaise électrique, elle raconte son histoire. A l'âge de 19 ans, après avoir été la maîtresse de Staline, elle fuit les sbires de son ancien amant et se réfugie dans une province autonome de la Russie: le Birobidjan, un territoire juif. Ainsi pour sauver sa vie, elle se fera passer pour une juive. En pleine seconde guerre mondiale, voilà qui est peu commun! Elle croisera la route de Michael Apron, médecin américain dont elle tombera amoureuse mais en ces temps troublés, le bonheur ne durera qu'un temps...

Je suis assez partagée sur ce roman. Autant j'ai aimé le côté historique et culturel, j'ignorais tout du Birobidjan, j'ai assez peu lu sur le maccarthysme et j'ai apprécié d'en savoir plus. J'ai moins adhéré au style littéraire, trop journalistique à mon goût. Le dernier chapitre où le narrateur lit un rapport des services secrets révélant le fin mot de l'histoire m'a donné l'impression d'être bâclé.
J'ai été gênée par le type de narration. Les chapitres alternent entre le procès et la vie de Marina en Russie. Ceux consacrés au procès sont racontés à la 1ère personne par un journaliste assistant à l'interrogatoire de Marina. Lorsqu'elle raconte son histoire, c'est un narrateur externe qui s'exprime. Parfois même, ses propos sont relatés par un autre, son avocat par exemple. Cette narration à la 3e personne crée une distance avec l'héroïne alors même que j'aurais du être touchée par son histoire. Les émotions, les sentiments, tout ce qui fait le côté romanesque d'un livre, ne m'ont pas été transmis, je suis restée de glace face à l'histoire de cette femme vivant un amour impossible en pleine Sibérie orientale. 

J'ai néanmoins apprécié l'ironie de l'histoire résumée en quelques mots par le narrateur:

"Mais pour moi, la pensée que Marina et Apron, au temps du nazisme, aient pu, à leur manière, être "devenus juifs" afin de vivre leur amour dans ce Birobidjan perdu m'apaisant profondément."


A découvrir pour la culture...



2 commentaires:

  1. Merci Caro pour cette analyse détaillée et argumentée de ce bouquin. L'auteur ne m'est pas inconnu mais le Birobidjan oui ! En tout cas, ce n'est pas le coté "romance" qui t'a séduite (si tant est que tu es été séduite par cette histoire !!). Perso, je suis passionné de l'histoire d'après guerre surtout coté guerre froide, course aux armements nucléaires, chasse aux Rouges, ...Si le monde est tel qu'il est aujourd'hui c'est quand même en grande partie suite à la 2ème guerre mondiale...
    Enfin, je vais donc le lire pour la "culture" .
    En tout cas, je vais suivre ton blog, car au vu des titres des livres présentés je me retrouve un peu (j'ai horreur des romances, du young adult, de la fantasy,...mais j'aime les bouquins à thème sur des fonds historiques (ou reels en tout cas). Merci pour ces avis.

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  2. Merci pour votre commentaire! Quand je me relis, je me trouve finalement un peu sévère avec ce livre qui mérite vraiment que l'on s'y arrête! Au plaisir de vous revoir sur mon blog!

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